Drôle de victoire pour MG France. À l’issue du scrutin des URPS, le syndicat de Claude Leicher conserve le leadership chez les généralistes, mais en perdant des plumes. Et, de toute façon, la progression de l’axe CSMF/ SML «?anti-Bachelot » le rend incontournable pour négocier la prochaine convention.
Comme en 2006, MG France arrive en tête dans le collège généraliste. Mais lorsque l’on regarde les résultats au niveau de l’ensemble des spécialités, la CSMF et le SML sortent grands vainqueurs de ce scrutin. Dans le collège « généralistes », l’ordre d’arrivée des deux premiers ne change pas. MG France perd un point par rapport à 2006 (30,2 % contre 31,2 %) et la CSMF progresse légèrement (26,5 % contre 25,9 %). En revanche, les places respectives de leurs deux alliés sont inversées et c’est ce qui vient bouleverser le rapport de force entre les deux blocs. Le SML multiplie quasiment par deux son score de 2006 (19,2 % contre 10,4 %) ce qui conforte sa représentativité pour les généralistes. En revanche, Union Généraliste (branche généraliste de la FMF) a complètement raté son pari. Le dernier venu fait beaucoup moins bien (18,6 %) que l’addition des scores en 2006 des deux syndicats dont il est issu (16,5 % pour la FMF et 12,4 % pour Espace généraliste alors présente seulement dans la moitié des régions). Au total, les signataires de la convention de 2005 progressent et réunissent 45 % des voix des généralistes, tandis que les opposants regroupés ces derniers mois sous la bannière des « généralistes en colère » gardent la majorité, mais en cédant du terrain (8 points de moins). La profession demeure donc plus que jamais clivée en deux blocs.
Lot de consolation pour lui, malgré son score décevant, Union généraliste est assuré de décrocher sa représentativité pour les généralistes, puisqu’elle dépasse largement le seuil fatidique des 10 %. Ainsi, dans les négociations pour la nouvelle convention médicale, on retrouvera autour de la table la CSMF, le SML, la FMF (avec UG pour les généralistes), MG France et probablement le Bloc. Cet autre nouveau venu qui regroupe gynécologues, anesthésistes et chirurgiens a fait un carton dans le collège des plateaux techniques lourds avec 58 % des voix (soit 14% des spécialistes) et demeure un allié potentiel pour MG France. La représentativité échappe en revanche à Union Collégiale (syndicat essentiellement de MEP) qui reste sous les 4 % chez les généralistes et sous les 3 % toutes spécialités confondues.
Au final, la représentation des médecins reste toujours aussi dispersée. Aucun syndicat ne réussit le « grand chelem » c’est-à-dire plus de 30 % des voix dans chacun des trois collèges, ce qui permet de signer seul une convention. En revanche, l’addition des scores de la CSMF et du SML en fait les grands gagnants de ces quatrièmes élections. Même s’ils n’atteignent pas la majorité dans le collège généraliste, tous collèges confondus ils totalisent ensemble un score de 55 % qui leur confère l’atout maître dans le jeu conventionnel : eux seuls peuvent signer sans que "leur" convention puisse être dénoncée par leurs adversaires; inversement, si ces derniers signaient sans eux, ils pourraient immédiatement la dénoncer. Ainsi, l’action des opposants de la convention de 2005 est paralysée. Depuis les élections de 2006, ceux-ci étaient majoritaires, mais ne pouvaient agir faute de label de représentativité pour la FMF chez les généralistes. Celle-ci recouvre son précieux sésame. Mais comme son camp vient d’être renvoyé dans la minorité, la représentativité devient une médaille en chocolat. Il reste que si l’alliance entre la CSMF et le SML semble naturelle (ils ont signé la précédente convention et viennent de présenter 100 propositions pour l’avenir de la médecine libérale), le SML pourrait désormais être tenté de faire entendre sa différence.
Au lendemain du scrutin, la ministre de la Santé s’est contentée de « prendre acte de ces résultats » et entend « poursuivre le travail avec tous les syndicats représentatifs pour moderniser l’offre de soin libérale ». Vu la poussée de ses opposants chez les médecins, sa position devient néanmoins délicate. MG France se maintient, mais après avoir nettement pris ses distances depuis l’élection de son nouveau président. Et la FMF paye très chèrement son soutien à la loi HPST, même s’elle l’avait assorti de critiques.