« C’est une très bonne nouvelle pour la médecine générale et une victoire pour nous », déclare, au Quotidien, le Dr Raphaël Dachicourt, président du syndicat des jeunes généralistes Reagjir (Reagjir) suite à l’annonce du ministre de la Santé, en déplacement ce 7 juin au congrès de MG France au Havre. Lors de son discours devant les congressistes, le locataire de Ségur a fait un geste supplémentaire pour la compensation financière des maîtres de stage universitaires (MSU) dans le cadre de la réforme de la 4e année de médecine générale. « Nous allons étendre la prime de 800 euros initialement prévue pour les zones d’intervention prioritaire (ZIP) aux zones d’actions prioritaires (ZAC) et aux quartiers prioritaires de la ville (QPV) », a-t-il dévoilé.
Avec cet élargissement, l’indemnisation socle pour un maître de stage s’élève à 2000 euros au lieu de 1 200 euros. En prenant en compte les 600 euros versés pour la pédagogie et les 400 euros prévus pour la supervision de la permanence des soins (PDSA), cette indemnité peut donc aller jusqu’à 3 000 euros. « Voyez-vous ma détermination, insiste le ministre. J’ai toujours défendu cette mesure centrale du pacte de lutte contre les déserts médicaux ». Cette annonce devrait concerner « 80 % des maîtres de stage universitaires et 70 % des territoires », selon le Pr Olivier Saint-Lary, président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE). Le ministre promet aussi de publier « les décrets et des arrêtés avant l’été ».
Vigilance
Cette annonce était très attendue par la profession, douchée ces dernières semaines par les arbitrages budgétaires ministériels jugés alors très insuffisants. Une enquête nationale conduite par le CNGE et le Snemg révélait que, si 45 % des répondants envisageaient initialement d’accueillir un docteur junior, ce taux était tombé à 16 % après les premiers arbitrages gouvernementaux. Ce coup de pouce annoncé par Yannick Neuder permettra-t-il d’inverser la tendance ? « Je prends acte de cet investissement pour la médecine générale, commente la Dr Agnès Giannotti, présidente de MG France. Nous allons faire le nécessaire tout en restant vigilant sur la mise en place de cette réforme où il reste encore des incertitudes ».
Pensée en effet comme une réponse aux besoins croissants des territoires, cette réforme doit permettre aux 3 700 docteurs juniors de se former à partir de novembre 2026 au plus près des territoires, tout en renforçant leur accompagnement sur la gestion des pathologies chroniques, la coordination des soins ou la prise en charge des situations complexes.
Solidarité, coopération, formation
En parallèle de cet énorme chantier, Yannick Neuder mise sur la solidarité territoriale du pacte Bayrou contre les déserts médicaux, « le dernier rempart contre la coercition ». Comme sa collègue à la santé, Catherine Vautrin la veille, le cardiologue de l’Isère tient à préciser que ce mécanisme est calqué sur les consultations avancées et largement inspirées des exemples connus comme les Médecins solidaires ou les incubateurs de santé solidaire. « Cette mission doit être lancée localement et sur la base du volontariat dès la rentrée de septembre, déclare le ministre. Je veux que tout le monde, les élus, les ARS, les pouvoirs publics et les autres professionnels soient impliqués dans cette mission pour vous rendre la tâche facile ».
La coopération des médecins avec les autres professionnels de santé est aussi un autre levier important, pour le ministre. Plus de compétence pour les infirmiers sur certains actes, l’accès direct aux orthophoniques et les Trod en pharmacie, « ce n’est pas enlever des actes aux médecins mais leur donner plus de capacité à soigner plus de patients, affirme Yannick Neuder. Les nouvelles missions devront se faire dans un cadre partagé et formalisé avec les médecins traitants », insiste le locataire de Ségur.
Pour renforcer à long terme des effectifs de médecins pour demain, Yannick Neuder compte sur la concrétisation de deux chantiers importants : la simplification des voies d’accès aux études de santé dès septembre 2026 et la suppression du numerus apertus pour définir les capacités de formation en fonction des besoins de chaque territoire. Cette mesure portée par Yannick Neuder en tant que député de l’Isère et adoptée par l’Assemblée nationale en décembre 2023 sera examinée le 17 juin au Sénat.
L’obligation de solidarité territoriale pour les médecins effective « dès septembre », confirme Yannick Neuder
« Les syndicats sont nostalgiques de la médecine de papa », tacle Dominique Voynet, seule médecin ayant voté la loi Garot
Face à un tweet raciste d’un membre de Reconquête, des médecins de l’Oise portent plainte
Prescription des aGLP-1, l’usine à gaz ? Après les médecins, la Fédération des diabétiques affiche son inquiétude