Le pacte anti-déserts annoncé en grande pompe par François Bayrou a-t-il du plomb dans l’aile ? La réponse est non selon le ministre de la Santé, Yannick Neuder, reçu mercredi 28 mai par l’Association des journalistes d’information sociale (Ajis). Au contraire !
Les mesures contenues dans ce pacte de lutte contre les déserts médicaux avancent, malgré quelques retards sur le calendrier annoncé. Prévue fin mai, une cartographie des « zones rouges » sera finalement présentée « avant l’été », a expliqué le successeur de Frédéric Valletoux. Mesure en effet emblématique de ce plan, le gouvernement réclame à l’ensemble des médecins généralistes et spécialistes de sanctuariser « jusqu’à deux jours par mois » pour aller épauler leurs confrères dans les territoires les plus durement touchés par la pénurie médicale, au nom de la « solidarité territoriale ».
Devant la presse, l’ancien député de l’Isère a tenu à rappeler que ce principe est « une obligation collective ». Le travail réalisé actuellement par les ARS, en lien étroit avec les préfets et les élus locaux, va permettre d'identifier des territoires au sein desquels l’accès aux soins est particulièrement dégradé et qui feront l’objet d’une action intense. « Il y a environ 150 zones. N’oublions pas que 87 % des territoires sont un désert médical », a indiqué le ministre. La concertation locale permet d’apprécier la situation de chaque zone selon plusieurs critères comme le nombre de patients en ALD, l’âge des praticiens, les critères socio-économiques de la population. « Je ne suis pas le ministre qui va faire des cartes, s’est défendu Yannick Neuder. L’objectif est d’identifier des lieux, une maison de santé par exemple, où on pourra faire intervenir un docteur junior, un médecin remplaçant, où on devra renforcer avec des assistants médicaux ». C’est à la suite de cette opération que le plan Bayrou pourra réellement être lancé « en septembre », a confirmé le ministre.
Contreparties financières inconnues
Des exemptions à cette solidarité territoriale sont-elles prévues pour des médecins très engagés dans leur territoire ? Selon le ministre, « c’est aux professionnels de s’organiser pour participer à cette solidarité en fonction des situations des uns et des autres ». Yannick Neuder s’est bien gardé de dévoiler le montant des « contreparties financières » pour les médecins qui joueraient le jeu. En revanche, pour les réfractaires, une pénalisation sera bel et bien envisagée via la proposition de loi Mouiller, déjà adoptée par le Sénat. Ce texte prévoit une pénalité financière « jusqu’à 1 000 euros par jour » de désertion. « Avant de lancer des pénalités, nous consulterons tous les acteurs du territoire », a tenu à préciser le ministre.
Pour l’heure, le gouvernement compte bien se servir de ce vecteur législatif pour introduire d’autres dispositions du plan anti-désert comme la mise en place d’une première année d’accès aux études de santé dans chaque département de France. Devant la presse, Yannick Neuder a réaffirmé sa ferme opposition à toute régulation frontale à l’installation et à la fin du volontariat pour la permanence des soins, deux mesures phares de la proposition de loi portée par le député PS de Mayenne Guillaume Garot, fortement combattues par les futurs médecins et la profession.
Rémunération des MSU : pas de nouvelles discussions
Annoncé dans nos colonnes, le ministre de la Santé Yannick Neuder a proposé un plafond mensuel de 3 000 euros, avec un forfait de base de 1 800 euros pour rémunérer les généralistes enseignants maîtres de stage (les MSU), qui reçoivent des docteurs juniors. Or ce montant est jugé totalement « déconnecté de la réalité » par le syndicat national des enseignants de médecine générale (Snemg). Face à ce mécontentement, l’ancien cardiologue est resté droit dans ses bottes. « Il n’y aura pas de réouverture des discussions, dit-il. Il y a un niveau de responsabilisation importante à avoir. On a plus de 3 000 milliards de dettes (…) Là, on donne 3 000 euros, c’est une aide significative. Il faut que cela soit acceptable pour tout le monde. »
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