En plein arbitrage sur la réforme du troisième cycle, le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) appelle une nouvelle fois au passage à 4 ans du DES de médecine générale « dans les délais les plus brefs possible », cette quatrième année professionnalisante en ambulatoire étant une des conditions décisives pour redorer le blason de la spécialité.
Dans un argumentaire détaillé, dont « le Quotidien » a eu copie, le CNGE dresse un état des lieux alarmiste de la formation en médecine générale, expliquant que le DES est considéré « comme une voie de transit mais non comme une formation en soi par beaucoup d'étudiants ».
Faire autre chose
Malgré des avancées ces dernières années (augmentation des effectifs de la filière universitaire, par exemple), « de nombreux éléments handicapent la formation en médecine générale », insiste le CNGE. Parmi ces obstacles, le Pr Vincent Renard, président du collège, évoque une présence trop pauvre de la discipline dans les six premières années d'études, un formatage des carabins à travers le seul objectif des ECN « privilégiant le morcellement de savoirs », une propension à s'orienter vers des exercices plus valorisés…
« Plusieurs enquêtes montrent qu'en rentrant en DES de médecine générale, les internes veulent faire autre chose que la médecine générale pour plus de 50 % d'entre eux, se désole le CNGE. À la fin de leur DES, ils n'ont pas acquis en moyenne le niveau de compétence suffisant et ne s'estiment pour la majorité, pas prêts à s’installer. Ils se détournent vers d'autres exercices ou font des remplacements. » En 2013-2014 par exemple, 3 008 nouveaux généralistes ont été diplômés. Mais le nombre d'installations en médecine générale ambulatoire libérale (hors salariat) s'élève à seulement 1 215 en 2013 et 1 248 en 2014…
Gaspillage
« Les enseignants s'épuisent dans un système où la médecine générale reste dévalorisée. La ressource humaine en maîtres de stage est gaspillée à former des internes qui ont déjà construit des projets professionnels sans rapport », s'insurge le CNGE.
Dans ce contexte difficile, le CNGE rappelle les mesures positives négociées dans le cadre de la réforme du troisième cycle pour éviter d'aggraver la situation : nouvelle maquette du DES de médecine générale renforçant les stages ambulatoires ; création des DES de médecine d'urgence et de gériatrie permettant de clarifier les flux par filières afin que la médecine générale ne constitue plus une voie de passage… Autant de points à consolider.
En revanche, l'accès possible aux nouvelles formations spécialisées transversales (FST), dont le principe a été promis aux étudiants, est perçu par les généralistes enseignants comme une très grave erreur car susceptible de conduire à « un exercice incompatible avec la médecine générale ». En clair, au grand dam des généralistes enseignants, la tutelle prend à nouveau le risque de détourner définitivement les internes de la médecine générale au profit d'autres exercices. Avec à la clé une possible catastrophe démographique...
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