L’exercice est un bon moyen d’abaisser les chiffres glycémiques. La régularité est primordiale pour en récolter les bénéfices comme l’ont expliqué les experts à l’occasion du IVe Forum « Cœur, Exercice et Prévention » qui s’est tenu à Paris du 17 au 19 mars 2011.
Chez le diabétique, l’épreuve d’effort, c’est pas systématique ! L’épreuve d’effort est indiquée chez les diabétiques de plus de 60 ans ou chez ceux qui souffrent d’un diabète de plus de 10 ans et en cas d’association du diabète avec plus de deux facteurs de risque (dyslipidémie, tabac, artériopathie). Les limites de l’épreuve d’effort sont vite atteintes car il y a souvent une artériopathie périphérique et une surcharge pondérale qui limitent la montée en puissance. La dysfonction du système nerveux autonome se traduit par une moins bonne récupération et une insuffisance chronotrope. « Chez le diabétique asymptomatique, il ne faut pas faire de dépistage systématique si l’ECG est normal, le diabète est récent et l’hémoglobine glyquée est normale» a expliqué le Dr Hervé Douard (Bordeaux). Récemment, l’étude DYNAMIT a montré que la mortalité globale et la survenue des accidents vasculaires cérébraux sont équivalentes dans les deux groupes dépistés ou non.
Aérobie ou activité mixte ?
Saïd Bekka (Chartres) a rappelé les recommandations ALFEDIAM 2004 qui préconisent une remise à la marche progressive avec un objectif d’activité de 3 heures par semaine. « La régularité est essentielle » a expliqué le Dr Bekka. L’échauffement doit durer de 5 à 10 minutes et l’exercice doit être de 50 à 70 % de la VO2 max, à raison de 3 séances par semaine. Le Dr Jean-Frédéric Brun (Montpellier) a indiqué qu’il valait mieux augmenter régulièrement l’activité physique plutôt que d’y consacrer quatre heures d’affilée le week-end. En général, les sports peu intenses sont préférés. Pour les plus sportifs, « l’interval training » qui comporte de l’activité à haute intensité entrecoupée d’activité de moyenne intensité est très rentable pour brûler des calories. Il permet de réduire de 44 % la masse grasse, d’augmenter de 24 % le muscle et de restaurer la sensibilité à l’insuline sans faire varier le poids. La VO2 max augmente de 15 % et la pression artérielle comme le cholestérol total diminuent.
Il existe des effets additifs de l’endurance (course à pied, vélo, natation) et de la résistance (musculation) sur l’équilibre glycémique. Le sport d’endurance réduit de 0,51 % l’hémoglobine glyquée alors que l’activité en résistance la diminue de 0,46 %. La combinaison des deux types d’activité diminue l’HbA1C de 1 % .
Précautions
Pour le Dr Martine Duclos (Dijon) « Il y a un effet aigu de l’exercice sur la réduction de la glycémie grâce à l’augmentation de l’utilisation de glucose par le muscle qui travaille » a-t-elle précisé. L’exercice sollicite des transporteurs de glucose qui contribue au lissage de la glycémie de base. « L’augmentation de la consommation de glucose va perdurer pendant les heures qui suivent l’effort » a souligné le Dr Ducros. Donc, attention aux hypoglycémies nocturnes qui peuvent démotiver le patient.
Le sport intense doit être nuancé en raison du risque coronaire, d’hémorragie du vitré, de l’état du pied et de la protéinurie qui peut être augmentée par l’exercice. « La tendance est de mixer les activités sans oublier leur côté ludique, il faut clarifier l’image du sport auprès du patient, apprécier sa pratique, préciser ses craintes, valoriser les effets bénéfiques, informer sur les risques d’hypoglycémies et insister sur la régularité » a rappelé le Dr Bekka (Chartres). Les sports violents sont à limiter et les sports solitaires à risques comme la plongée doivent être encadrés. La durée préconisée de l’exercice est de 20 minutes pour les sports d’intensité élevée, 30 minutes pour ceux d’intensité modérée et de 45 minutes pour l’activité de faible intensité. Le chaussage et l’examen des pieds doivent faire l’objet d’une attention constante. L’hydratation est à surveiller et le matériel de contrôle glycémique doit être à portée de main comme le sucre dans la poche en cas d’hypoglycémie.