Avec 50 ans de preuves en faveur de la relation inverse et dose-dépendante entre l'activité physique et la maladie coronarienne, raisonner en termes de capacité physique – excellent facteur prédictif de la mortalité - est devenu indispensable à la prévention des pathologies cardiovasculaires.
Passé 45 ans, le système cardiovasculaire accuse les effets du vieillissement avec non seulement l’augmentation de la rigidité artérielle et de la pression artérielle pulmonaire, mais aussi une diminution de la fréquence cardiaque et de la relaxation myocardique. « Le meilleur marqueur de l’espérance de vie est la capacité physique », explique le Pr François Carré (Service d’exploration fonctionnelle, CHU de Rennes). La performance maximale ou consommation maximale d’oxygène (VO2 max) d’un individu est chiffrée en METs ». En sachant qu’un MET (metabolic equivalent of the task = 3,5 ml d’O2/min/kg) est la dépense énergétique de base d’un sujet au repos assis, une capacité physique inférieure à 6 METs, soit 20 ml/min/kg de VO2 max, confère une espérance de vie diminuée. Le seul fait d’augmenter d’un seul MET sa capacité physique, peu importe le sexe ou l’ethnie, diminue de plus de 15 % le risque de mortalité toutes causes.
Une étude portant sur 6 213 sujets suivis sur 6,2 ans, a permis de définir un risque relatif de décès de plus de 4,5 pour une capacité de 6 MET, versus 2, 5 pour 6-8 METs et 1, 25 pour 10-13 METs (base RR=1 pour plus de 13 METs) *. Ce bénéfice est indépendant des facteurs de risque cardiovasculaires, comme le tabac, le diabète, l’hypercholestérolémie ou l’hypertension artérielle. Et en effet, parmi les patients « cardiovasculaires » de la cohorte, les auteurs ont observé un gain de 12 % de survie par MET supplémentaire. Attention, prévient François Carré, « l’activité physique ne compense pas un risque, comme le fait de fumer. Cela signifie juste que la capacité physique est un facteur indépendant des autres facteurs de risque. Et c’est très encourageant car l’on gagne très facilement de la capacité physique et encore plus lorsque celle-ci est basse au départ".
Un avenir modifiable
Il existe certes une relation inverse et dose-dépendante entre l'activité physique et la maladie coronarienne, mais avec cependant un plateau. « L’effet bénéfique le plus net en termes de mortalité est de passer d’une capacité physique très limitée à correcte » estime F. Carré. Au-delà de 8 METs, le gain paraît minime. Pour une personne avec deux facteurs de risque (cholestérol et surpoids par exemple) possédant une capacité physique de 9 METs, son risque de mortalité toutes causes est faible. A l’inverse, une personne sans FDR qui ne parvient qu’à 5 METs est bien plus à risque et l’objectif sera alors d’atteindre 6 METs, au minimum.
La capacité physique diminue avec l’âge. « Mais il n’est jamais trop tard pour la prévention cardiovasculaire et l’enjeu est de gagner quelques METs de capacité physique », rassure le Pr Carré. « Sans effacer les facteurs de risque passés, atteindre une capacité de 6 METs à 50 ans produit des bénéfices cardiovasculaires similaires à ceux qu’ils auraient pu être durant la période de “relative inactivité”. Quels qu’aient pu être les événements antérieurs, il est toujours temps pour les patients de prolonger par l’exercice physique leur espérance de vie ». L’activité physique n’est cependant pas une assurance tout-risque.
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