Le retard de l’âge d’installation des jeunes médecins est-il une tendance constante ?
Oui, les jeunes médecins ont en effet tendance à s’installer de plus en plus tard. Mais, plus qu’un retard à l’installation, il s’agit davantage d’une désaffection de l’installation, avec des jeunes qui ne s’installent pas du tout ou plus exactement qui abandonnent la médecine. Au sein des promotions qui sont formées en Ile-de-France, depuis plus de dix ans, il y a presque 30 % de perdus de vue.
Comment expliquer cette désaffection ?
J’ai réalisé mon étude en 2006, donc je ne pourrai pas me prononcer sur les incidences de la réforme du médecin traitant, même si elle est quand même ressortie dans certains commentaires. Globalement, il y a avait pas mal de gens, parmi ceux qui souhaitaient s’installer, qui étaient dans l’expectative à se demander ce qu’ils allaient faire vis-à-vis de cette réforme. Pour autant, le salariat n’est pas non plus ressenti comme une panacée. En définitive, ce n’est pas l’exercice en tant que médecin généraliste mais les conditions d’exercice en libéral qui sont devenues un vrai frein.
Quel est donc l’exercice idéal selon la jeune génération ?
Pour eux, c’est en groupe, avec une secrétaire qui s’occuperait des tâches administratives. Globalement, dans mon étude, ceux qui se sont installés, ? une minorité ? sont ceux qui ont trouvé ce type de propositions. Parce qu’ils remplaçaient chez quelqu’un qui désirait s’agrandir et ont sauté le pas.
Assiste-t-on à l’éclosion d’un statut nouveau : le remplaçant professionnel ?
Non, il y a très peu de remplaçants anciens, et la majorité des anciens étudiants des vieilles promotions sont le plus souvent des installés, pour qui l’installation n’a pas marché, et qui sont retournés au remplacement. En revanche, beaucoup d’internes à la sortie de la fac prennent des postes de PH. Ils y restent quatre-cinq ans. Ensuite, ils en ont assez de l’hôpital et vont s’installer en libéral.
La féminisation de la profession a-t-elle une incidence sur l’âge de la primo installation ?
Non, quand on regarde les chiffres, les femmes s’installent environ un an plus tôt que les hommes. En fait, les hommes démarrent leurs études plus tard, et tout est décalé à partir de ça. Je trouve un âge d’installation un peu plus faible que les moyennes d’Ile-de-France : 31,8 ans pour les femmes et 34,1 ans pour les hommes. Ce qui est assez paradoxal puisque les femmes font des études plus longues, parce qu’elles ont des semestres sabbatiques pour congés maternité. Et le nombre d’enfants n’allonge pas non plus le délai d’installation, au contraire, même, il augmente le désir d’installation. Enfin, le nombre d’enfant augmente également le nombre de départs en province. Plus les installés ont d’enfants et plus ils sont installés en cabinet individuel.
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