Le généraliste. Le calendrier vaccinal s’alourdit encore cette année. N’y a-t-il pas un risque de divorce entre une partie du corps médical et une politique vaccinale jugée trop complexe et parfois disproportionnée ?
Pr Didier Houssin. Oui, nous en sommes conscients et c’est pourquoi un groupe de travail vient d’être constitué dans cet objectif global de stratégie vaccinale. Le calendrier reste complexe en dépit de nos efforts, délicat à expliquer au patient avec, en parallèle, une désaffection pour des vaccinations basiques. Nous devons faire face à des enjeux de simplification et de clarté, et mener une réflexion cruciale sur l’acceptation et la compréhension de la politique vaccinale, par le grand public et, surtout, par les professionnels de santé.
Comment, dans ce contexte, rallier les professionnels de santé à cette nouvelle vaccination anti- méningocoque C?
Pr D.H. La stratégie de vaccination groupée des sujets contacts suffisait tant que le nombre de cas ne dépassait pas un certain seuil et nous avons résisté pendant quelques années à l’inscrire dans le calendrier. Face à une létalité importante et qui promet de s’amplifier avec l’émergence d’une nouvelle souche très virulente, nous devions changer de tactique. Nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation vis-à-vis de la prévalence des IIM C défavorable par rapport aux pays voisins qui vaccinent systématiquement avec succès. Enfin, nous ne pouvions accepter plus longtemps cette inégalité d’accès à la prévention. Le fait d’inscrire cette vaccination a ouvert la possibilité au remboursement du vaccin. Les arguments pour la vaccination anti-méningocoque C sont donc cliniques, épidémiologiques et éthiques. Je suis bien conscient que le calendrier vaccinal s’est accru et que cette vaccination supplémentaire contre les IIM C le complexifie davantage. Nous avons pourtant essayé de minimiser la difficulté avec une dose unique, en épargnant l’enfant de moins d’un an.
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