Plusieurs virus sont retrouvés en co-infection dans beaucoup de cas d’infections respiratoires virales basses, dont principalement le rhinovirus (RV). Jusqu’à maintenant, le virus incriminé dans la cause des bronchiolites était le virus respiratoire syncitial (VRS). D’après les résultats d’une étude prospective israélienne publiée cette année (Miron et al. PIDJ 2010), 76% enfants présentant une bronchiolite sont porteurs du VRS, presque 30% sont également porteurs du rhinovirus, et le récemment identifiable bocavirus (HBoV) émerge dans 7% des cas de co-infection. D’autres données viennent recouper ces nouvelles connaissances concernant la place du rhinovirus, en montrant que les infections virales basses sont liées à un VRS seul dans la moitié des cas, dans 10% à un rhinovirus seul, et en cas de co-infection par plusieurs virus, le rhinovirus est retrouvé dans 70% des cas. Une étude de cohorte commencée en 2005 (Lemanske et al) et suivie durant 5 ans avait montré que si le portage du rhinovirus est souvent asymptomatique, alors que le portage du VRS est associé à des manifestations plus parlantes, il existe un effet coopératif de ces deux virus dans le sur-risque de manifestations pulmonaires sifflantes à 3 ans. La présence de rhinovirus lors d’une bronchiolite a plus de conséquences à long terme que le VRS seul.
Facteurs immunitaires particuliers
« Si le nourrisson est sujet à des bronchiolites, c’est qu’il a des facteurs immunitaires particuliers, a expliqué le Pr Christophe Delacourt (service de Pneumo-Allergologie pédiatrique, hôpital Necker-Enfants malades, Paris). Lors de son premier contact viral, il a une réponse immune spécifique réduite, ce qui va favoriser un processus de réplication virale, d’où majoration des lésions des voies aériennes chez le nourrisson. Le rhinovirus inhibe de plus la réponse interféron Gamma, qui est une réponse anti-virale. Mais outre le facteur viral, il faut aussi considérer le facteur génétique et bien sûr physique (petite taille des bronches, réserves énergétiques limitées). En fait, l’effet viral est probablement différent selon le terrain du nourrisson, si on en juge les résultats d’une étude qui a mis en évidence que les enfants hospitalisés pour infection respiratoire sévère basse à rhinovirus avaient des antécédents de manifestations sifflantes, une dermatite atopique, et des IgE élevées. Le remodelage des cellules épithéliales bronchiques induit par le rhinovirus est amplifié chez l’asthmatique, car ses cellules épithéliales permettent au rhinovirus de se multiplier plus vite que chez un sujet non asthmatique. Cette coopération entre infection virale et terrain prédisposant sera à prendre en compte dans l’avenir.»
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