Seine-Saint-Denis

« La santé n’intéresse personne »

Publié le 30/03/2012
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« A bout de souffle ». C’est dans ce climat difficile que les professionnels libéraux de santé de Pierrefitte et Stains (Seine-Saint-Denis) ont décidé d’interpeller début mars les candidats à la présidentielle sur les « violences » qui aggravent la « désertification médicale » du département. Si le nombre de déclarations d’agressions a diminué dans le département, selon les chiffres 2011 de l’Observatoire de la sécurité des médecins, la situation « n’a pas changé » pour le Dr Joselyne Rousseau. La présidente de l’association avance même un paradoxe pour expliquer l’acalmie apparente dans le "9 3" : selon elle, la baisse de la violence observée par l’Ordre des médecins serait tout simplement liée à la désertification médicale croissante du département. « Il y a eu une envolée l’année dernière du nombre de déclarations parce qu’il y avait une dynamique qui s’était engagée et les professionnels de santé dans leur ensemble ont pensé que si on déclarait toutes les agressions les choses allaient changer », explique-t-elle. Mais en dépit des mesures mises en place en Seine-Saint-Denis par les pouvoirs publics, l’insécurité demeure.

« Justice trop clémente»

Pour le Dr Jocelyne Rousseau, les décisions de justice ne sont pas assez dissuasives. « Même si on a d’excellents liens avec les commissariats, et que les procédures pour déposer plainte vont plus vite, la justice est trop clémente, et les professionnels de santé se sentent désabusés, déstabilisés et décident de partir ». Et la tendance devrait se poursuivre. Le département qui a déjà perdu 10% de ses effectifs devrait enregistrer une nouvelle perte de 10 à 15 % sur l’année 2012. Avec un médecin libéral pour 3 000 habitants, la ville de Pierrefitte est « reconnue comme véritable désert médical ».

En plus des boitiers individuels de sécurité et des caméras de surveillance, les médecins demandent que leur numéro dédié à 10 chiffres passe à 4 « pour que cela soit plus facilement mémorisable en cas d’agressions ». Ainsi que des mesures d’accompagnement financier. « Cela devient extrêmement dur pour nous, puisque la sécurisation de nos structures coûte très cher », ajoute la généraliste. En plus d’alerter les candidats, l’association a aussi écrit une lettre au Président de la République. Restée jusque là sans réponse. Il semblerait que « la santé en Seine-Saint-Denis n’intéresse personne » se désole le Dr Rousseau.


Source : Le Généraliste: 2598