« En fait, nous avions monté une maison de santé pluridisciplinaire sans le savoir », sourit le Dr Philippe Tréhou. C’était en 2002, précisément. Avec quelques confrères généralistes, le Dr Tréhou rachète une ancienne maison de maître, sise à Guise, un bourg picard distant d’une trentaine de kilomètres de Saint-Quentin. Aujourd’hui, ils sont quatre généralistes à y exercer et la maison de santé, qui accueille une dizaine de spécialistes, fonctionne cinq jours sur sept, assure les gardes et les urgences médicales, tout en attirant une clientèle sur un rayon d’une vingtaine de kilomètres. Dont parfois, celle du cabinet secondaire du Dr Tréhou, au petit village de Marly-Gomont, implanté en plein dans le bocage de la Thiérache à vingt kilomètres de Guise : cinq cents habitants, une pharmacie, une boucherie, une poste… et une population qui cherche toujours un généraliste qui s’y installe pour de bon. « Avec un confrère, on s’était dit que l’on pourrait y développer une présence médicale quotidienne : le matin entre 11 heures et midi, et dans la soirée entre 19 heures et 20 heures ».
Las, le Dr Tréhou s’aperçoit assez vite des limites de l’exercice. Tout simplement parce que la population, qui est restée des mois et des mois sans généraliste, s’est organisée en conséquence. « Ils prennent leur voiture et vont voir leur médecin traitant, qu’ils connaissent. En outre, les patients veulent souvent avoir un accès immédiat à leur médecin. Il m’arrive donc de leur dire, passez me voir à Guise, si vous ne pouvez attendre ce soir »
Cabinet central et satellites
Las, le Dr Tréhou s’aperçoit assez vite des limites de l’exercice. Tout simplement parce que la population, qui est restée des mois et des mois sans généraliste, s’est organisée en conséquence. « Ils prennent leur voiture et vont voir leur médecin traitant, qu’ils connaissent. En outre, les patients veulent souvent avoir un accès immédiat à leur médecin. Il m’arrive donc de leur dire, passez me voir à Guise, si vous ne pouvez attendre ce soir ». Contre-productif, le cabinet secondaire ? « Non, rétorque le Dr Tréhou, qui estime à « une dizaine », le nombre d’actes quotidiens qu’il effectue avec son confrère à Marly-Gomont. « Mais cela illustre la réalité de demain, les petits villages qui n’ont plus de médecins n’en retrouveront pas. Et les maires de ces communes qui demandent des généralistes à temps plein n’obtiendront pas satisfaction. Simplement parce qu’il n’y a pas assez de clientèle ». D’où l’importance, pour le Dr Tréhou de raisonner en termes de cabinet central et satellites. « On ne peut proposer dans les zones désertifiées qu’une présence médicale ponctuelle, qui correspond d’ailleurs assez bien au souhait de la jeune génération ». Et convaincre aussi les pouvoirs publics locaux. Le cabinet secondaire de Marly-Gomont a bénéficié d’une exonération de taxe pendant trois ans au titre de l’aide communale et d’une participation de l’Urcam d’Amiens. Mais les fonds Fiqs vont s’arrêter prochainement et le cabinet, sans tourner à perte, n’est, financièrement, aujourd’hui, pas véritablement rentable. A moins que les patients fassent eux aussi leur révolution culturelle, et acceptent d’avoir pour médecin traitant de leur village, des généralistes qui n’y vivent pas.
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