France Télécom : des signes avant coureurs alarmants

Publié le 23/10/2009

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« Quatorze médecins du travail sur soixante-dix ont démissionné depuis trois ans à France Télécom », observe Dominique Huez. Un chiffre révélateur de la situation. « J’ai été surprise par le nombre de cas de suicides et surtout par la rapidité de l’enchaînement », souligne Brigitte Font le Bret, médecin du travail et psychiatre à Grenoble qui reçoit dans son cabinet des salariés de France Télécom envoyés par ses deux collègues, médecins du travail. « Un des principaux problèmes est la rapidité de la restructuration qui n’a pas été anticipée. France Télécom compte 65 000 salariés de plus de 45 ans, techniciens ou administratifs. Du fait de la sous-traitance des tâches techniques, la plupart ont été reclassés dans l’urgence comme vendeurs en boutique ou opérateurs dans des call center. Après trois semaines de formation, un technicien fier d’avoir raccordé au téléphone des populations isolées se retrouve ainsi infantilisé par un chef d’équipe qui lui apprend à vendre des téléphones ou des modems, évalue et critique ses scores. Il doit lire des scripts qui sont souvent en décalage avec l’attente du client », explique Brigitte Font Le Bret. D’où une crise identitaire, souvent exacerbée par des mobilisations forcées. « La plupart de mes patients avaient pourtant une certaine stabilité et aucun antécédent psychologique personnel, ajoute-t-elle. Depuis quelques temps, de nouveaux symptômes apparaissent comme des phobies d’évitement, insensibles aux antidépresseurs et à la psychothérapie. Ces personnes sont dans l’incapacité de passer devant leur entreprise ou même dans les rues adjacentes. La seule solution consiste alors à les retirer définitivement de leur milieu de travail ».