Promettant une vision plus globale de la santé des travailleurs, le « 3e plan santé au travail » en cours d’élaboration doit prendre en compte l’accord du 2 juin 2013 sur la qualité de vie au travail ; il reposera sur les conclusions et les propositions du conseil d’orientation des conditions de travail (COCT) présenté à François Rebsamen fin novembre. Son ministère annonce que l’alerte sur les agents chimiques dangereux et en particulier cancérogènes sera l’une de ses grandes priorités – les valeurs limitent d’exposition seront redéfinies pour l’amiante et le styrène utilisé dans la fabrication de matières plastiques et de caoutchoucs, et pour toute une série de produits recommandés par l’agence nationale de sécurité sanitaire.
Reconnaissance des RPS
Ce nouveau plan devrait aussi concerner des risques « neufs » liés en particulier au développement des nouveaux matériaux et pour lesquels les évaluations n’existent pas encore, comme l’exposition aux nanoparticules. Autre promesse : une meilleure reconnaissance des risques psychosociaux (RPS). Une résolution déposée devant le Sénat ces dernières semaines attire l’attention sur les 3,2 millions de salariés touchés par le burn out qui, comme les troubles musculo-squelettiques et la dépression, figure désormais au rang des pathologies les plus couramment constatées.
Jean-Claude Delgènes, qui dirige le cabinet d’évaluation et de prévention des risques Technologia, se bat pour que ce syndrome d’épuisement professionnel soit inscrit aux tableaux annexés au code de la Sécurité sociale. Soutenu par certains sénateurs, il estime que « cette reconnaissance peut améliorer l’identification des troubles et favoriser la prévention dans les entreprises ». Le 23 juillet dernier, Patricia Bordas sénatrice PS de la Corrèze et plusieurs de ses collègues ont déposé une proposition de résolution visant à mieux protéger la santé des travailleurs et lutter contre les risques psychosociaux d’origine professionnelle. La priorité est de mesurer ces risques, selon Hervé Lanouzière, directeur général de l’agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT). Il s’exprimait fin octobre aux côtés de représentants de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) : « Il convient, a-t-il souligné, d’établir un baromètre mêlant les indicateurs qualitatif et quantitatif pour juger de l’amélioration ou de la dégradation de la qualité de vie au travail. » Toutefois, Marie-Claude Pelletier, qui facilite le développement d’entreprises et de projets dans le domaine de la santé grand public et en entreprise, affirme qu’il ne faut pas se limiter à la pointe visible de l’iceberg. « L’absentéisme, le turnover, les journées perdues de travail doivent aussi permettre d’analyser le bien-être du personnel. »
Avant tout une question de rythme
L’organisation du travail dans son ensemble a déjà fait l’objet d’études précises de la part de l’INRS. Les horaires atypiques qui font sortir les salariés du standard de cinq jours travaillés par semaine avec deux jours de repos hebdomadaire sont des rythmes qui peuvent être à l’origine de risque spécifique. L’INRS a par exemple révélé les conclusions d’enquêtes réalisées chez les infirmières et les hôtesses de l’air : le travail de nuit sur des longues durées augmenterait le risque de cancer du sein. Le travail de nuit est d’ailleurs classé comme cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). On comprend ici tout l’intérêt de l’aménagement des postes et du temps de travail, au moment ou les personnes malades sont vivement encouragées à rejoindre leur vie professionnelle grâce au succès des traitements par chimio orale en ambulatoire. Les médecins du travail non pas fini d’ouvrir l’œil.
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