Les progrès thérapeutiques en cancérologie ont permis au cancer de l’enfant de passer d’un pronostic profondément sombre, dans les années 50, à une survie à 5 ans de l’ordre de plus de 80% aujourd’hui. Se pose désormais la question des complications à long terme des traitements
Parallèlement à l’amélioration des taux de survie, les progrès en oncologie pédiatrique ont également cherché à réduire les complications à long terme des traitements, et notamment le risque de second cancer dû à la toxicité tardive des traitements et au terrain génétique du patient. Une meilleure connaissance de la biologie des tumeurs, permet aujourd’hui d’identifier les formes de bon pronostic et de personnaliser les doses des traitements conventionnels (chimio et radiothérapie) en fonction des facteurs de risque. La toxicité peut ainsi être limitée par des traitements moins intensifs pour les formes de bon pronostic, et l’efficacité augmentée par des traitements intensifs pour les formes plus réfractaires – mais au prix d’une plus grande toxicité.
Surmortalité cardiovasculaire
« Le suivi des complications à long terme des cancers de l’enfant représente un enjeu majeur aujourd’hui « souligne le Dr Laurence Brugières, chef de l’unité adolescent à l’Institut Gustave Roussy (Villejuif). Les cancérologues sont alarmés par le risque de surmortalité cardio-vasculaire lié aux anthracyclines, surtout à dose élevée ou en association à de la radiothérapie. Ils recommandent une évaluation cardiaque de ces patients avec échographie cardiaque, et angioscanner chez les patients irradiés, du fait du risque coronarien. Un autre risque majeur est celui de deuxième tumeur chez un patient traité pour un cancer dans son enfance. Ce risque peut atteindre 10%, 20 ans après un traitement associant alkylant et radiothérapie. Le site de l’irradiation doit également orienter la surveillance : une localisation thoracique doit faire effectuer une surveillance des seins à un âge plus précoce que dans la population générale ; une irradiation rachidienne peut être responsable d’une scoliose. Les autres risques sont d’ordre endocriniens : il ne faut pas oublier la toxicité gonadique des alkylants, et selon le site d’irradiation (pelvis ou cou) il peut survenir une insuffisance gonadique ou thyroïdienne. Enfin, on sait maintenant que certains médicaments utilisés en chimiothérapie peuvent avoir une toxicité rénale.
Une surveillance au long cours indispensable
Pour toutes ces raisons, « il est important aujourd’hui que le médecin traitant puisse disposer des informations concernant le traitement reçu par son patient et le type de surveillance qui doit être mis en place ». Si ces éléments n’ont pas été transmis, il est souhaitable que le médecin recommande à son patient concerné de reprendre contact avec le centre d’oncologie, afin d’organiser le bilan et de définir le type de surveillance qui doit être mis en place en fonction du traitement qu’il a reçu.
« Avec une incidence d’1 adulte sur 600 ayant été traité pour un cancer dans l’enfance, l’enjeu du suivi des complications à long terme est tel, qu’il est vraisemblable qu’une nouvelle spécialité apparaisse dans les prochaines années, pour le suivi de ces patients devenus adultes» prédit le Dr Laurence Brugières.
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