Adapter le déroulement des consultations
Publié le 15/05/2011
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En consacrant sa thèse à l’adaptation du déroulement des consultations pour mieux prendre en charge les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, Cédric Bornes n’imaginait pas que ces travaux seraient trois fois primés par l’union régionale des professions de santé d’Île-de-France, l’Académie de médecine et le prix de thèse de médecine générale Albert Hercek. L’enquête menée repose sur des entretiens associant patients, médecins généralistes et aidants dans la détresse. Ces confrontations ont mis en lumière bon nombre de difficultés qui freinent encore aujourd’hui la prise en charge du patient et de son entourage. Il estime que l’approche de ces patients mérite
« une adaptation claire dans le déroulement de la consultation, notamment dans la gestion du temps pour apporter plus de soins à l’identification et à l’évaluation du malade dans le respect du secret médical ». Cédric Bornes affirme d’ailleurs que
« les droits du patient à l’information et le recueil de son consentement sont souvent mis à mal en consultation ». Les généralistes interrogés s’avouent bien démunis devant la gestion de ces situations où il reste délicat de faire sortir du cabinet l’aidant quelques instants.
« Le malade Alzheimer selon le stade d’avancement de la pathologie est encore souvent à même d’exprimer sa volonté. Il peut donner son avis et avoir encore besoin d’intimité et à ce stade il reste important que le médecin puisse lui consacrer du temps seul à seul », estime Cédric Bornes. Le médecin généraliste est souvent sollicité pour aider le patient à prendre des décisions. Les risques liés à la conduite automobile amènent fréquemment les aidants à se séparer du véhicule du patient.
« Cette situation est douloureuse pour le patient qui doit de son côté faire une part de deuil sur son autonomie. » De sages décisions qui méritent aussi du discernement. Cédric Bornes estime que,
« si l’initiative relève plutôt du rôle de la famille, le médecin peut aussi expliquer et peut-être convaincre pour garantir plus de sécurité ». Cette terrible pathologie rappelle que le médecin généraliste reste quoi qu’il advienne un médecin de famille et il lui appartient de faire les signalements et d’informer ou pas l’entourage de l’évolution de la maladie, dans le meilleur intérêt du patient.
La vie en établissement d’hébergement pour personnes âgées du point de vue des résidents et de leurs proches a fait l’objet d’une enquête menée l’an dernier par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé. Ses conclusions publiées en début d’année réservent quelques surprises. Bien que le soutien à domicile soit toujours préféré par la majorité des Français, l’entrée en établissement d’hébergement pour personnes âgées (EHPAD) s’impose parfois. Cette enquête révèle que cette étape est franchie de plus en plus tard, les entrants en EHPAD ayant en moyenne 83 ans et 5 mois. Les personnes plus autonomes qui choisissent d’entrer en logement-foyer sont globalement quatre ans plus jeunes. La solution choisie reste intimement liée au degré d’autonomie physique et psychique. Désormais, les personnes évaluées en GIR 5 et 6 représentent 75 % des résidents en logement-foyer contre seulement 16 % en maison de retraite ou EHPAD et seulement 2 % se retrouvent en unité de soins de longue durée (USLD). Une évaluation cruciale qui, en pratique, ne semble pas toujours réalisée. Cette enquête révèle en effet que l’avis du médecin coordonnateur lors de l’admission est bien prévu dans 89 % des situations, mais que cette évaluation globale n’a finalement lieu que dans un cas sur deux. Les choses semblent plutôt bien se passer pour les résidents installés. L’enquête montre en effet que 86 % des résidents sont satisfaits de leur conditions de vie en établissement, 38 % d’entre eux souhaitent pouvoir sortir davantage et seulement 15 % regrettent le manque de disponibilité du personnel. Des résultats moins concordants concernent le choix du médecin et l’enquête révèle sur ce point des avis très contrastés entre gestionnaires et résidents des maisons de retraite ou EHPAD. En effet, 89 % des directeurs d’établissements interrogés affirment que les résidents ont pu choisir leur médecin alors que les généralistes qui ont répondu à cette enquête déplorent ne suivre que 5 % de leurs patients, une fois en établissement.
Ces structures développent aussi de multiples efforts pour améliorer la prise en charge des personnes qui souhaitent y résider. Philippe Denormandie, directeur général du développement et de l’offre de services du groupe Korian, explique les efforts réalisés pour s’adapter aux entrants.
« Les personnes qui arrivent aujourd’hui dans les établissements du groupe n’ont plus du tout le même profil qu’il y a cinq ans. Désormais, 60 % des entrants sont en fauteuil roulant et cela implique des adaptations évidentes en termes d’architecture. Il nous appartient de créer les conditions favorables pour prévenir et maintenir les personnes en incapacité. » Fini les grands salons ; désormais, on crée de petites unités et les structures évoluent en fonction des besoins de la personne.
« Travailler sur l’autonomie fait partie de la bien-traitance et nous le
leur devons », affirme-t-il. Philippe Denormandie estime que les efforts passent aussi par des choses pleines de bon sens.
« Réfléchir sur ce que nous pouvons leur apporter en termes de déficience visuelle est par exemple l’une de nos priorités puisque 50 % des personnes qui viennent chez nous ne disposent pas de lunettes adaptées. En respectant ce qu’ils souhaitent, on les aide à faire des choses par eux-mêmes. Cela passe aussi par de petits détails comme la simple hauteur d’une bordure de fenêtre. » Rien de tel pour que la vie continue d’être belle.
L. M.
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 20110516
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