Obésité : une découverte bouleverse 60 ans de certitudes sur le métabolisme des graisses

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Publié le 23/10/2025
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Une équipe toulousaine rétablit la vérité autour du rôle de la lipase hormono-sensible (HSL), une enzyme centrale dans le métabolisme des graisses, dont l’action double et complexe s’exerce à la fois dans les lipodystrophies et l’obésité.

Crédit photo : Copyright (c) Joseph F. Gennaro Jr. / Photo Researchers, Inc.

Des chercheurs de l’Université de Toulouse et de l’Inserm ont découvert que la lipase hormono-sensible (HSL) est essentielle pour le maintien du tissu adipeux sain, contrairement à ce qui avait été établi. Depuis les années 1960, il était en effet connu que cette enzyme – présente à la surface des gouttelettes lipidiques des adipocytes – intervient dans le déstockage des graisses. Par conséquent, son absence aurait théoriquement provoqué une obésité avec un excès de masse grasse. « Ce n’est pourtant pas le cas, c’est même l’inverse qui se produit », ont révélé les scientifiques toulousains. Pour les auteurs, dont les travaux sont publiés dans Cell Metabolism, « cette découverte ouvre de nouvelles pistes pour prévenir les complications liées à l’obésité, mais aussi prendre en charge les lipodystrophies ».

Sans HSL, pas de tissu adipeux

« C’est tout d’abord dans les années 2000, grâce à un modèle murin déficient en HSL, que les scientifiques ont fait le lien entre cette enzyme et une forme de lipodystrophie d’origine génétique, commente pour le Quotidien le Pr Dominique Langin, directeur de recherche Inserm à l’Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (I2MC) et auteur senior. Puis en 2014, les premiers individus humains, issus de la communauté amish, atteints de lipodystrophie et déficients en HSL ont été identifiés ». À l’aune de ces découvertes, le Pr Dominique Langin et son équipe ont souhaité se pencher sur le(s) véritable(s) rôle(s) de la HSL.

Les scientifiques toulousains ont ainsi révélé qu’au-delà de son rôle enzymatique de déstockage, la HSL était également présente dans le noyau des adipocytes d’où elle régit – en association avec d’autres protéines – le maintien d’une quantité optimale de tissu adipeux et d’adipocytes sains. « Pas assez de HSL nucléaire provoque une lipodystrophie, et trop de HSL nucléaire pourrait provoquer un excès de masse grasse, traduit le Pr Langin. Ainsi, obésité et lipodystrophie, pourtant opposées en apparence, partageraient un point commun : dans les deux cas, les adipocytes dysfonctionnent, entraînant des complications métaboliques et cardiovasculaires similaires ». La quantité de HSL nucléaire est par ailleurs finement contrôlée, avec des signaux de sortie et d’entrée identifiés par les chercheurs.

Forts de ces découvertes sur les deux rôles de HSL (déstockage des graisses et maintien du tissu adipeux sain), le Pr Langin, également responsable des tests génétiques au CHU de Toulouse, a inclus le gène codant pour la protéine HSL dans le panel analysé pour les cas de lipodystrophies génétiques. « C’était inattendu, car ces formes sont très rares, mais nous avons identifié la mutation chez un patient, raconte Dominique Langin. Ce cas représente pour nous l’opportunité d’en savoir plus sur ces lipodystrophies et d’assurer une meilleure prise en charge et un meilleur traitement ». L’équipe de recherche s’intéresse désormais à préciser le rôle de la HSL nucléaire dans l’obésité.


Source : lequotidiendumedecin.fr