Une équipe du laboratoire Nutriomique (Sorbonne Université, Inserm, AP-HP) a identifié une nouvelle stratégie thérapeutique dans l’obésité. Dans une étude préclinique publiée dans Cell Reports Medicine, les chercheurs montrent que l’association de deux médicaments, déjà approuvés dans d’autres indications, parvient à bloquer le processus de fibrose du tissu adipeux chez des souris obèses.
Forts de ces résultats, les scientifiques rappellent que « préserver ou restaurer le bon fonctionnement des tissus adipeux pourrait constituer une stratégie clé pour limiter les effets délétères de l’obésité ». Dans l’obésité, la fibrose contribue aux complications métaboliques comme l’insulinorésistance ou le diabète de type 2 (DT2), et constitue un frein à la perte de poids.
Les cellules progénitrices CD9 + associées à une fibrose accrue
Avant de travailler à sa combinaison de médicaments, l’équipe de recherche s’était tout d’abord intéressée à la population cellulaire du tissu adipeux de patients en obésité. Les chercheurs avaient ainsi observé que, chez ces patients, l’abondance des cellules progénitrices CD9 + était associée à une fibrose accrue, à une altération du contrôle glycémique et à une incidence plus élevée du DT2. Par ailleurs, chez des patients en obésité sévère (n = 88), ils ont noté qu’une surabondance de ces progéniteurs CD9 + avant une intervention de chirurgie bariatrique était associée à une moindre amélioration métabolique à un an. Ces données, combinées à d’autres observations réalisées par les scientifiques, montrent que les CD9 + acquièrent un phénotype profibrotique, inflammatoire et prolifératif en cas d’obésité.
« Ces résultats positionnent donc les progéniteurs CD9 + comme des cibles thérapeutiques de premier plan pour améliorer localement le fonctionnement du tissu graisseux, avec des effets bénéfiques potentiels sur la santé globale », soulignent les auteurs dans leur étude.
L’équipe a pu ensuite procéder à des analyses plus approfondies afin d’identifier les voies de signalisation activées dans les CD9 + et les médicaments capables de les inhiber. Les chercheurs ont testé durant 4 à 5 semaines chez des souris obèses une combinaison de nintédanib (antifibrosant) et de célécoxib (anti-inflammatoire), deux molécules déjà autorisées en France*.
Une association qui s’est révélée efficace pour réduire significativement le développement de la fibrose du tissu adipeux et la prolifération des CD9 +. De plus, la combinaison a réduit aussi la stéatose hépatique, l’insulinorésistance et permis aux souris de perdre du poids. À noter que les molécules testées séparément n’ont pas donné de résultats aussi significatifs.
« Le traitement a amélioré la structure de leur tissu adipeux, mais aussi leur santé métabolique », se réjouissent les auteurs qui espèrent désormais « une translation rapide vers des essais cliniques ».
*Le nintédanib, sous le nom de spécialité Ofev, est indiqué dans le traitement de la fibrose pulmonaire idiopathique et des pneumopathies interstitielles diffuses. Le célécoxib, sous le nom de spécialité Celebrex, est indiqué dans le traitement de l’arthrose, de la polyarthrite rhumatoïde et de la spondylarthrite ankylosante.
Grossesse : la prise des antiépileptiques à risque avéré baisse, mais vigilance sur le report
Congrès IAS 2025 : les Français très présents dans la recherche sur le VIH
L’ONU et une centaine d’ONG alertent sur la famine à Gaza
Le gouvernement veut faire du sommeil un pilier de santé publique