La population de personnes atteintes de sclérose en plaques (SEP) vieillit avec, en France, une augmentation non seulement de la prévalence de la maladie mais aussi de l’âge médian des patients, qui atteint désormais 53 ans. Par ailleurs, une étude norvégienne portant sur plus de 3 300 patients identifie un recul de l’âge de survenue de la maladie. Ainsi en 2010, 12 % des patients diagnostiqués avaient plus de 50 ans – contre moins de 3 % en 1970.
Or, avec l’âge, le rapport bénéfices-risques des traitements de la SEP change, avec parfois une réponse moindre, pour un risque accru d’infections, voire de cancers. De plus, par rapport aux patients plus jeunes, ceux de plus de 50 ans au moment du diagnostic présentent un profil radiologique et surtout des symptômes différents. Une récente étude rétrospective suisse évoque en particulier davantage de troubles moteurs, une fatigue plus marquée, une proportion de formes progressives plus importante, une activité inflammatoire moindre, etc. Plus globalement, les sujets vieillissant avec une SEP sont connus pour présenter davantage de comorbidités, une plus grande fragilité immunitaire et une évolution de la symptomatologie (moins de poussées mais risque de progression plus élevé). D’où la question d’adapter le traitement.
L’arrêt du traitement de fond à l’étude
En cas de SEP non active, l’arrêt du traitement de fond peut notamment se poser. Une étude française conduite chez des sujets de plus de 50 ans ayant une maladie non active depuis plus de deux ans suggère toutefois un risque accru de rechute précoce en cas d’arrêt, en particulier avec le natalizumab et le fingolimod. En revanche, les anti-CD20 semblent associés à des rechutes plus tardives. D’autres études françaises ont examiné la possibilité d’espacer les doses d’anti-CD20 (tous les douze mois plutôt que tous les six mois) chez des patients atteints de SEP récurrente-rémittente. L’efficacité apparaît similaire, pour un risque moindre d’infections sévères.
En cas de maladie active progressive, les données sont plus contradictoires.
Consensus européen
Dans ce contexte, un consensus européen paru dans Brain en 2024 encourage à proposer aux personnes de plus de 50 ans atteintes de SEP évoluant par poussée, un traitement en cas d’activité clinique ou radiologique dans les cinq dernières années, mais pas en cas de SEP inactive. Dans cette situation, chez les patients déjà sous traitement, une désescalade peut être envisagée selon le médicament. Les traitements de plateformes (interféron, acétate de glatiramère, tériflunomide, diméthylfumarate) peuvent être arrêtés, de même que les thérapies de reconstitution immunitaire. Pour les anti-CD20, les doses peuvent être espacées et un arrêt progressif envisagé. Le natalizumab et les modulateurs S1P nécessitent, eux, un relais par d’autres molécules avant toute désescalade.
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