Tous les deux ans, les professionnels de la santé au travail se réunissent lors d’un congrès national. À cette occasion, l’Institut National de Recherche et Sécurité (INRS) récompense trois thèses en médecine du travail. Lors de la dernière édition du prix, organisée en 2018, le premier prix de 3 000 euros a été accordé au Dr Juliette Anselmetti pour sa thèse d’exercice. Intitulée « Étude de l’exposition professionnelle au chrome dans une aciérie produisant des aciers inoxydables », sa thèse a été remarquée pour la dextérité et l’originalité de sa démarche scientifique.
Alors étudiante à l’Université Grenoble Alpes, Juliette Anselmetti rencontre lors d’un stage un médecin du travail exerçant à l’aciérie Ugitech, à Ugine en Savoie. La réglementation des valeurs limite d’exposition au chrome venait d’être modifiée et il fallait redéfinir la manière de les calculer. Dans cette usine de 200 salariés, les ouvriers enduisent des pièces métalliques d’un revêtement en inox. Ce procédé de chromage électrolytique les expose à deux types de chrome, le chrome III et le chrome VI. Le dernier étant cancérigène, il était essentiel de l’évaluer pour la sécurité des travailleurs.
« Les bio marqueurs sont limités pour mesurer la présence du chrome VI car l’organisme le transforme en chrome III. Nous avons donc dû trouver des valeurs d’interprétation en faisant une corrélation entre le niveau atmosphérique et le niveau détecté dans les urines », explique Dr Anselmetti. Pour ce faire, elle a aussi dû mener une étude de solubilité du chrome VI ce qui n’avait jamais été fait en aciérie. Ses résultats l’ont menée à identifier une valeur limite inférieure à celle qui était appliquée. « Trouver ces valeurs permet de bien évaluer les postes les plus exposés et de cibler la prévention. Ici, nous avons vu que c’était lors de la coulée continue du métal que le chrome VI se dégageait le plus. L’eau de refroidissement a été changée pour y remédier », détaille-t-elle.
Du 2 au 5 juin prochain, le 36ème Congrès National de Médecine et de Santé au Travail se tiendra à Strasbourg et l’INRS récompensera de nouvelles thèses d’exercice.
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