« Monsieur Emmanuel Macron, serez-vous le président qui engagera l'acte II de la politique de secteur et de réseau en santé mentale et en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent » ? Ainsi les acteurs de la pédopsychiatrie interpellent-ils le président sortant, à la veille du second tour des élections présidentielles.
La crise du Covid-19 a certes mis sur le devant de la scène la question de la santé mentale des jeunes. Et les Assises de septembre 2021 ont donné lieu à des annonces, comme la création de 400 postes dans les centres médico-psychologiques infanto-juvéniles ou le remboursement des consultations de psychologues, tandis que le Président a mis en valeur le modèle de la sectorisation. « Cela va dans le bon sens, mais ce ne sont que quelques mètres parcourus, alors qu'il s'agit de courir un marathon », alertent une douzaine d'organismes représentatifs de la psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent*. Et de dénoncer (comme d'autres avant eux) une approche « par petites touches », qui ne fait qu'« effleurer le sujet ». « Non, les seules mesures en place ou projetées ne seront pas du tout suffisantes. La spirale négative continuera de tirer vers le bas ce qu'on peut proposer aux Français » en termes de soins psychiques, lit-on.
Stratégie décennale
Les signataires demandent concrètement que le budget consacré aux soins psychiques des jeunes, qui coûteraient selon eux 1,5 milliard d'euros, soit doublé. En effet, seulement la moitié des enfants et adolescents qui en auraient besoin sont suivis (soit un million sur deux).
Les psys exigent aussi une refonte « sérieuse et réfléchie » du système de soin en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, qui respecte les principes de proximité, d'accessibilité et de continuité entre prévention et soins. Un chantier qui ne peut se penser que sur une temporalité décennale, et non dans une logique à court terme, estiment-ils.
Faute de quoi le constat actuel perdurera, à savoir : des soins insuffisants en quantité et en diversité alors que les besoins sont croissants, des inégalités dans les prises en charge, des délais d'attente jusqu'à 18 mois pour obtenir une première consultation en pédopsychiatrie, et 5 ans pour bénéficier d'une place dans un établissement spécialisé pour les enfants handicapés, sans oublier l'épuisement des équipes soignantes et éducatives, les carences dans les formations, et la perte d'attractivité de ces métiers.
* Association des psychiatres de secteur infanto-juvénile (API), Unafam, Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (SFPEADA), association française des psychologues de l'éducation nationale (AFPEN), CME, Fédération française de psychiatrie, Association française des centres médico-psycho-pédagogiques (FDCMPP), Association française des psychiatres d'exercice privé et Syndicat national des psychiatres privés (AFPEP et SNPP), Fédération française des psychologues et de psychologie (FFPP), Société de l'information psychiatrique, le Syndicat des psychiatres des hôpitaux et l'Union syndicale de la psychiatrie.
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