C’est un champ d’exploration très prometteur, mais dans lequel il reste encore beaucoup à apprendre, raison pour laquelle l’Institut Gustave Roussy (IGR) a lancé la Clinique du microbiote. L’objectif ? Étudier l’épidémiologie de la dysbiose en s’appuyant sur l’une des plus grandes biobanques de patients atteints de cancer, et lancer des essais cliniques (actuellement 12 sont en cours) centrées sur le microbiote, pour améliorer les réponses des patients à leurs traitements. L’IGR souhaite aussi développer le Toposcore, un test PCR fondé sur la signature intestinale du microbiote associé aux immunothérapies.
Un marqueur pronostique
« On sait que les antibiotiques perturbent l’efficacité de l’immunothérapie : ils affectent la composition du microbiote au profit des bactéries tolérogènes, notamment le genre Enterocloster, et diminuent l’expression de la molécule MAdCAM-1, qui agit comme un filtre immunitaire. La perte de cette dernière favorise la migration des molécules immunosuppressives des intestins vers la tumeur, ce qui augmente la croissance tumorale. Les patients avec des taux de MAdCAM-1 solubles bas ont des survies diminuées. La MAdCAM-1 soluble est d’ailleurs un biomarqueur pronostique indépendant dans l’immunothérapie du cancer, a expliqué la Dr Carolina Alves Costa Silva, oncologue et chercheuse à Gustave Roussy, lors des Journées francophones de nutrition (JFN), en décembre à Marseille, en soulignant : Ce taux est associé à la composition du microbiote intestinal : on pourrait donc utiliser ce dosage simple pour apprécier la dysbiose. À noter que cette dysbiose intestinale associée au cancer l’est aussi à d’autres maladies inflammatoires. »
Les patients avec des taux de MAdCAM-1 solubles bas ont des survies diminuées
Dr Carolina Alves Costa Silva
Transferts de selles
Des taux normaux d’Akkermansia muciniphila sont associés de manière indépendante à de meilleurs résultats chez les patients atteints d’un cancer du poumon avancé et traités par immunothérapie. Or, il a été montré qu’un transfert de selles, est susceptible de conférer la réponse ou la résistance aux traitements sur des modèles murins de cancers du poumon ou du rein.
Chez des humains, trois études (Nat 2019, Science 2021, Nat Med 2023) ont été menées auprès de patients atteints de mélanome : là encore, la transplantation de microbiote fécale permet de mieux surmonter la résistance au traitement par immunothérapie.
Prébiotiques et fibres
Parmi les prébiotiques étudiés, le fruit Camu-Camu ou son métabolite (le polyphénol castalagin) améliorent la réponse aux immunothérapies.
De même, un apport élevé en fibres (> 20 g / jour) est associé à de meilleurs résultats chez les patients atteints d’un cancer : une augmentation de 5 g en fibres, c’est 30 % de réduction du risque de progression de la maladie (Science, 2021).
+5 g/j de fibres
diminue de 30 % le risque de progression du cancer
Régime méditerranéen pour la tolérance
Dans une étude Tunisienne, 107 patientes suivies pour cancer du sein et traitées par chimiothérapie ont répondu à un autoquestionnaire sur le Méditerranéen diet score (MDS). Toutes présentaient des effets indésirables : 76,6 % des troubles du goût, 31,8 % des troubles de l’odorat, 55,1 % une alopécie, 57,9 % des vomissements. Un MDS élevé était associé aux effets indésirables les plus bas.
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