LA CAFÉINE (1,3,7-triméthylxanthine) est la substance psychoactive la plus consommée sur la planète. Environ 80 % de la caféine est prise sous la forme du café boisson. Malgré cette très forte prévalence, les études qui analysent de façon prospective les relations entre le café ou la caféine et le risque de dépression sont rares.
« À notre connaissance, une étude prospective chez des hommes a rapporté une association inverse significative entre la consommation de café et la dépression. Mais cela n’est montré ni pour le thé, ni pour les autres brevages contenant de la caféine. »
Des associations fortes inverses ont été rapportées par ailleurs entre la café et le suicide (en Finlande et aux États-Unis) en suivant une courbe en J : le risque de suicide décroît progressivement jusqu’à une consommation de 6 à 7 tasses par jour, puis s’accroît avec une consommation quotidienne de 8 à 9 tasses et davantage.
Deux fois plus les femmes.
L’identification de facteurs de risque de la dépression, qui affecte deux fois plus de femmes que d’hommes et environ 20 % des femmes aux États-Unis (prévalence sur la vie entière) est activement recherchée.
« Nous avons analysé de façon prospective l’association de la consommation de caféine en fonction de ses différentes formes (café boisson, sodas contenant de la caféine) et la dépression dans le cadre de la Nurses’ Health Study ».
La Nurses’ Health Study est une cohorte étudiée prospectivement depuis 1976 de femmes âgées de 30 à 55 ans à l’inclusion. Tous les deux ans, les participantes fournissent des informations actualisées via des questionnaires maintenant envoyés par e-mail, sur leur mode de vie, leur histoire médicale et les nouveaux diagnostics. On leur a demandé de rapporter leur usage d’antidépresseurs en 1996.
Un total de 50 739 femmes (moyenne d’âge de 63 ans), n’ayant pas de symptomatologie de dépression à l’inclusion (1996), a été suivi jusqu’au 1er juin 2006.
La consommation de caféine a été mesurée selon les données inscrites sur un questionnaire que les participantes ont rempli entre mai 1980 et avril 2004. Les risques de dépression clinique ont été calculés selon le modèle de régression de Cox.
Au cours de dix ans de suivi (1996-2006), 2 607 cas incidents de dépression ont été identifiés. Le risque multivarié de dépression est de 0,85 pour les femmes consommant de 2 à 3 tasses de café par jour. Il est de 0,80 (p< 0,001) pour une consommation de 4 tasses ou davantage. Les femmes buvant du café le plus fréquemment sont aussi plus souvent des fumeuses et des consommatrices d’alcool ; elles rapportent une moindre prévalence d’obésité, d’HTA et de diabète et sont moins souvent en surpoids.
Le risque relatif multivarié de dépression est de 0,80 chez les femmes dans le quintile des plus fortes consommatrices de café (550 mg/j) comparativement aux plus faibles (100 mg/j). La consommation moyenne de caféine pour la cohorte entière est de 236 mg/j, de 73 mg/j pour celles qui boivent moins d’une tasse de café par jour et de 694 mg/j chez celles buvant plus de 4 tasses quotidiennes.
Ce qui valide l’effet favorable de la caféine vis-à-vis du risque de dépression est l’observation concernant le café décaféine : il n’y a pas de réduction de la dépression qui lui soit associée. De plus, aucune association n’est notée entre le thé contenant de la théine, les sodas sucrés contenant de la caféine ou les boissons chocolatées (le chocolat contenant également une base xanthique similaire à la caféine).
Pour les auteurs, la caféine affecte la fonction cérébrale via son action antagoniste de l’adénosine A2A et de ce fait joue un rôle dans la modulation de la transmission dopaminergique ou éventuellement aussi dans la libération de l’acétylcholine et de la sérotonine.
Arch Intern Med, vol 171 (n° 17), 26 septembre 2011.
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