Les mystères du Covid long

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Publié le 20/09/2021
Fréquent, le Covid long regroupe tout un cortège de symptômes, dont des manifestations cardiorespiratoires. La dissociation entre les symptômes et les mesures objectives lors d’épreuves d’effort cardiorespiratoires représente un vrai challenge en pratique.
Une persistance des symptômes plus de quatre semaines après la phase aiguë

Une persistance des symptômes plus de quatre semaines après la phase aiguë
Crédit photo : Phanie

Il n’existe aujourd’hui pas de définition consensuelle du Covid long, mais selon le NICE cette entité désigne la persistance de symptômes plus de quatre semaines après la phase aiguë. Environ 200 symptômes sont rapportés dans les différentes études, au premier rang desquels la dyspnée, la fatigue, les douleurs thoraciques et les palpitations. Ils sont volontiers fluctuants et concernent plus souvent des femmes, des personnes ayant eu une maladie sévère, des antécédents médicaux ou des troubles mentaux.

Trois quarts des patients hospitalisés concernés 

Les Covid longs toucheraient jusqu’à 76 % des patients ayant été hospitalisés dus au SARS-CoV-2 et de 2 à 13 % de ceux ayant été suivis en ambulatoire. Un tiers des patients déclarent ne pas avoir pu reprendre leur travail ou leurs activités physiques antérieures.

Les atteintes du système cardiovasculaire ne sont pas prédominantes, mais un certain nombre de patients présentent un syndrome de tachycardie orthostatique posturale, défini par une augmentation soutenue du rythme cardiaque de plus de 30 battements par minute dans les 10 minutes suivant le lever, et ce en l’absence d’hypotension orthostatique. Physiopathologiquement, ce syndrome relève d’un mécanisme dysautonomique avec une réponse hyperadrénergique.

Un risque accru d’événements à distance

On sait que les atteintes myocardiques sont fréquentes lors de la phase aiguë de la maladie. Selon l’analyse groupée de 32 essais ayant inclus plus de 4 000 patients, 30 % d’entre eux présentaient une atteinte myocardique. Des études rétrospectives menées depuis chez les patients ayant été hospitalisés rapportent un risque accru d’événements cardiovasculaire majeurs, qui serait multiplié par trois au-delà de la phase aiguë selon des données britanniques. Des chiffres corroborés par une étude étasunienne, qui conclut à une augmentation par un facteur deux à trois du risque de cardiomyopathie.

Les études prospectives retrouvent une prévalence de 0 à 18 % des dysfonctions ventriculaires gauches entre un et six mois après l’hospitalisation. La présence d’une dysfonction diastolique, qui concernerait jusqu’à 60 % des patients six mois après la phase aiguë, est d’interprétation difficile en l’absence de données de comparaison antérieures. Un épanchement péricardique est également mis en évidence chez 14 % des patients après la phase aiguë.

« La dissociation entre les symptômes et les mesures objectives lors d’épreuves d’effort cardiorespiratoires pose un vrai problème aux praticiens. Il apparaît dans ce contexte important de lutter contre les facteurs de risque comme l’obésité qui exposent à une inflammation chronique de bas grade », a indiqué la Dr Betty Raman (1).

D’après la communication de Dr Betty Raman, Royaume-Uni.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin