Le mépris et la ségrégation envers les seniors peuvent prendre différentes formes. Dans le monde du travail, par exemple, il s'agit de brimades subies par les salariés à cause de leur âge, de restrictions aux formations ou encore, de difficultés à trouver un emploi. « En France, le rapport au travail est plus « âgiste » qu'au sein des autres pays européens. À partir d'un certain âge, il n'est plus possible d'accéder à certains postes ou exercer certaines fonctions », souligne la Dr Sophie Moulias, gériatre à l'hôpital Ambroise-Paré (Boulogne-Billancourt). Certaines formes d'âgisme peuvent passer inaperçues aux yeux du plus grand nombre. Par exemple, les grandes villes ne sont pas toujours adaptées aux personnes âgées mal marchantes. « À Paris, il est souvent dangereux, pour ces dernières de se déplacer dans la rue ou de prendre les transports en commun », déplore la Dr Moulias.
L'épidémie Covid-19 a, par ailleurs, mis en exergue une discrimination massive envers les aînés. « Ces derniers mois, les jeunes et les personnes âgées ont été mis en opposition de façon violente. Certains penseurs ont, par exemple, affirmé qu'en cas de crise économique, les jeunes seront les plus touchés, à cause des « vieux ». Par ailleurs, les décideurs ont fait rimer grand âge, hypervulnérabilité et démence. Durant la première vague, le fait d'avoir interdit les visites en EHPAD a été délétère et discriminatoire. Beaucoup ont souffert d'isolement sensoriel et affectif majeur », regrette la Dr Moulias.
Des vidéos de sensibilisation
À l’occasion du 20e anniversaire de l'article 25 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne qui reconnaît « le droit des personnes âgées à mener une vie digne et indépendante et à participer à la vie sociale et culturelle », la SFGG et 44 organismes de gériatrie et gérontologie ont lancé une campagne de sensibilisation mondiale sur les droits des personnes âgées de 60 ans et plus. Une initiative utile, d'autant plus que les adultes sont considérés comme étant seniors bien avant cet âge. « D'après les sondages, la population française estime que l'on est jeune jusqu'à 27 ans et que l'on est « vieux », dès 42 ans. Cela montre à quel point la société a rajeuni l'âge de début du vieillissement », confie la Dr Moulias.
La campagne « Old life matters » veut montrer que toutes les vies sont importantes et qu'il faut respecter les adultes qui avancent en âge. Ainsi, trois vidéos « #OldLivesMatter » disponibles en plusieurs langues (français, anglais, espagnol, italien, portugais, russe, allemand) ont été créées par Jean-Paul Lilienfeld (réalisateur de « La Journée de la Jupe » en 2010, avec Isabelle Adjani). Elles représentent trois cas de racisme ordinaire et universel envers les seniors : un recruteur qui préfère embaucher un homme jeune plutôt qu'une femme de 53 ans ; un comptable qui rechigne à former un homme âgé et de couleur au nouveau logiciel de paie de l'entreprise ; un homme qui ne supporte pas son voisin homosexuel de 82 ans. Dans chaque vidéo, l'âgisme est banalisé, presque rassurant : seuls le racisme, la misogynie et l'homophobie sont pointés du doigt. « Par le biais de cette campagne diffusée sur Internet et lors des journées annuelles de la SFGG, nous avons voulu montrer que l'âgisme est si courant qu'on ne le voit plus. Or, le respect envers les aînés doit être l'affaire de tous », conclut la Dr Moulias.
Article précédent
Une mobilisation efficace
Article suivant
Le rôle central du médecin coordonnateur
Une mobilisation efficace
Contre les discriminations liées à l'âge
Le rôle central du médecin coordonnateur
Les seniors souvent exclus des essais cliniques
« En France, les EHPAD ont concentré près de 50 % des décès du Covid-19 »
Un métier en pleine ébullition
Réorganiser les soins
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?
Maintien des connaissances et des compétences
La certification périodique marque des points