Hypoglycémies des diabètes 1 et 2

Savoir et agir

Publié le 16/11/2015
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De la sécurité des patients aux prix des thérapies

De la sécurité des patients aux prix des thérapies
Crédit photo : PHANIE

D’abord réduite au diabète de type 1 (DT1), l’attention sur les hypoglycémies a porté sur le diabète de type 2 (DT2) dès la publication des grandes études d’intensification ACCORD, VADT et ADVANCE. On prit conscience d’accidents hypoglycémiques surtout sévères et d’un surrisque de mortalité d’origine cardiovasculaire et de toutes causes. Mythe ou réalité, les hypoglycémies firent l’objet de multiples controverses ; leur coût humain et leur fréquence n’intéressaient jusqu’alors qu’assez peu de spécialistes.

Dans le même temps, ont été introduits de nouveaux traitements à risque hypoglycémique réduit, voire nul (iDPP4, aGLP1, iSGLT2) et insulines lentes au profil plus plat exposant à un risque non nul mais réduit, surtout la nuit (degludec, glargine U300). Ces innovations ayant un coût significatif, la question évolua en miroir : le surcoût des nouveaux antidiabétiques est-il compensé par le moindre coût des conséquences des hypoglycémies sévères, hospitalisations en premier lieu ?

Un phénomène sous-estimé par les soignants

S’il existe une sous-déclaration chez les DT1 (DAWN2), en pratique clinique, il semble que la question « Avez-vous présenté des hypoglycémies ; des épisodes sévères ? » soit encore plus souvent omise chez les DT2, surtout sous antidiabétiques oraux seuls. La plupart des médecins ne l’imaginent guère possible, surtout si l’HbA1c est très au-dessus des objectifs, ils ne la recherchent pas !

Citons l’excellent travail réalisé dans une étude française, DIALOG, qui a parfaitement démontré que chez le DT1 et le DT2 insulinotraité, demander prospectivement de noter tout épisode hypoglycémique (modéré à sévère, symptomatique ou non) révèle qu’ils sont bien plus nombreux que des déclarations rétrospectives seules pourraient laisser croire : 85 % des DT1 et 46 % des DT2, avec 6 % de formes sévères par an pour ces derniers. Les formes modérées sont encore plus nombreuses et pour la plupart ignorées.

Si les formes sévères sont la partie émergée de l’iceberg (1) connaître leur prévalence reste donc essentiel, puisque leur nuisance et leur coût sont d’un intérêt primordial tant en termes de santé que de conséquences médico-économiques.

Professeur Émérite, Faculté de médecine et de sciences Joseph Fourier, Grenoble

(1) Halimi S. Diabetes Metab. 2015;41(2):105-6

(2) EASD 2013. P 1313

(3) Budnitz DS, et al. N Engl J Med. 2011;365:2002-12

(4) EASD 2015. P 950, 991

(5) ibid. P 952

(6) ibid. P 919

(7) ibid. P 313

(8) Brod M et al. Value Health 2011;14:665-71

(9) Detournay B, et al. Vasc Health Risk Manag. 2015;11:417-25

Pr Serge Halimi

Source : Congrès spécialiste