Risque de dysthyroïdie après injection de produit de contraste iodé

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Publié le 13/05/2025
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Les injections de produit de contraste iodé ne sont pas si anodines, et causent à terme un risque non négligeable de surcharge. Les patients concernés doivent faire l’objet d’une surveillance ciblée.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Les produits de contraste iodés (PCI) sont une source fréquente d’excès d’iode en milieu médical, du fait d’examens radiologiques avec injection iodée.

Cette étude est prospective : 122 patients ayant reçu un PCI ont été suivis dans une cohorte longitudinale de vétérans aux États-Unis (1). La fonction thyroïdienne, les Ac antithyroïdiens et les marqueurs inflammatoires ont été mesurés au départ puis à 1, à 3 mois, puis tous les 6 mois jusqu’à 36 mois.

L’âge médian était de 70 [62,2-74,0] ans, avec 98,4 % d’hommes. Au départ, 6 sujets présentaient un une dysthyroïdie infraclinique (avant l’injection de PCI).

À 18 mois, un dysfonctionnement thyroïdien a été observé chez 11,5 % (14/122) des patients. 6 (4,9 %) avaient une hyperthyroïdie (1 manifeste) et 8 (6,6 %) une hypothyroïdie infraclinique.

Au dernier suivi, 10 des 20 sujets atteints de dysfonctionnement thyroïdien (14 cas nouveaux et 6 avec dysfonctionnement thyroïdien préexistant) présentaient une hyperthyroïdie, ou une hypothyroïdie infraclinique persistante. Des modifications minimes des hormones thyroïdiennes ont également été observées longitudinalement dans la cohorte globale.

Les auteurs en concluent qu’il existe un risque, rare, à long terme d’une charge excessive en iode sur un dysfonctionnement thyroïdien, même chez les individus provenant d’une région globalement suffisante en iode, ce qui étaye la nécessité d’une surveillance ciblée après l’administration d’un produit de contraste iodé.

Restons vigilants

Ces dysthyroïdies induites, qualifiées de rares par les auteurs sont, en réalité, rapportées au nombre considérable d’examens avec PCI, non négligeables en tant que risque, et largement sous estimées voire négligées par les radiologues et autres utilisateurs des PCI (cardiologie, angéiologie, néphrologie, etc.). Pourtant, nous endocrinologues qui connaissons ces deux phénomènes, de Jod-Basedow et l’effet Wolff-Chaikoff, les dysthyroïdies induites par l’iode sont une réalité, surtout s’agissant des sujets qui reçoivent ces PCI majoritairement âgés et fragiles. Restons vigilants.

(1) Bashir MT et al. Thyroid dysfunction risk after iodinated contrast media administration: a prospective longitudinal cohort analysis. J Clin Endocrinol Metab. 2025 Mar 17;110(4):e1204-e1210

Pr Serge Halimi, Professeur émérite, Université Grenoble-Alpes

Source : lequotidiendumedecin.fr