La drépanocytose, la maladie génétique la plus répandue dans le monde et en France, peut prendre en défaut l'hémoglobine glyquée A1c (HbA1c) dans le diagnostic du diabète, comme le confirme une étude américaine publiée dans le « JAMA ».
L'HbA1c sous-estimerait de 40 % la prévalence du prédiabète et de 48 % celle du diabète en cas de drépanocytose, d'après l'analyse de deux grandes cohortes, CARDIA et Jackson Heart Study (JHS), ayant inclus au total 4 620 sujets noirs américains, parmi lesquels 367 étaient porteurs de l'hémoglobine S (HbS).
Une HbA1c sous (diverse) influence
Cette étude permet de chiffrer un fait connu : la présence d'HbS sous-estime le dosage de l'HbA1c. Les pièges connus de l'HbA1c ne se cantonnent pas là : d'autres situations cliniques la sous-estiment également (vitamines C et E, hémodialyse, transfusion sanguine, splénomégalie, grossesse, médicaments, etc.), certains la surestiment (déficit en fer, vitamine B12, folates, insuffisance rénale, splénectomie, origine ethnique africaine, alcool, aspirine, etc.). Contrairement aux États-Unis, l'HbA1c n'est pas recommandée en France pour le diagnostic du diabète mais uniquement pour le suivi des patients traités.
Dans cette nouvelle étude, l'équipe dirigée par Mary Lacy de la faculté de santé publique à l'université Brown a observé que l'HbA1c était significativement plus basse chez les sujets drépanocytaires par rapport à des sujets sains ayant les mêmes glycémies à jeun et glycémies provoquées à 2 heures (HGPO). L'HbA1c était en médiane de 5,72 % chez les sujets drépanocytaires et de 6,01 % chez les sujets sains.
De la prudence en clinique
Mais surtout, les différences d'HbA1c se sont révélées être plus importantes pour des fortes valeurs de glycémies. Alors que la prévalence du diabète et du prédiabète était comparable entre sujets drépanocytaires et sujets sains selon la glycémie à jeun et la glycémie à 2 heures, elle était significativement plus faible selon l'HbA1c (3,8 % versus 7,3 % pour le diabète et 29,2 % versus 48,6 % pour le prédiabète). Pour le diagnostic de diabète, une HbA1c de 7,5 % chez les sujets sains noirs correspond à une HbA1c de 7 % chez ceux drépanocytaires, pour des taux similaires de glycémies à jeun.
« En dépistage, une valeur d'HbA1c qui sous-estime systématiquement le niveau glycémique à long terme peut conduire à des échecs d'intervention », mettent en garde les auteurs dans le cadre de la drépanocytose. Ces résultats rappellent les limites de l'HbA1c pour le diagnostic de diabète. Alors que la société américaine de diabétologie, l'ADA (American Diabetes Association), l'avait entériné en 2010 comme critère diagnostique à côté de la glycémie à jeun et de l'HGPO, les nouvelles recommandations 2017 appellent à mieux évaluer l'effet des facteurs pouvant influencer les valeurs de l'HbA1c, notamment « l'âge, l'ethnie, l'anémie et les hémoglobinopathies ».
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