Noémie et Julien Borel ont cinq garçons âgés de deux à seize ans. Parmi eux, Corentin, 14 ans, est atteint d’un diabète de type 1. « Il n’y a pas de diabétiques dans notre famille mais, en qualité de psychomotricienne, j’ai très vite soupçonné l’existence de cette maladie chez notre fils car il se levait beaucoup la nuit pour faire pipi, se souvient la mère de famille. Corentin a aussi un TDAH et le fait qu’il reste collé à son père et à moi m’a aussi alertée. C’était en 2020, en plein confinement, tout était compliqué. Mais lorsqu’une amie infirmière a accepté de réaliser un Dextro et que nous avons reçu les résultats, nous avons dû agir très vite. » L’enfant est hospitalisé une semaine puis il décide très vite de rejoindre l’association nationale Les îlots de Langerhans, dont l’objectif est de mieux faire connaître la maladie, de combattre les préjugés mais aussi de préserver un quotidien d’enfant ou d’adolescent.
Dans le mille !
C’est en avril 2025 que la famille Borel décide d’accomplir 1 000 kilomètres à vélo pour sensibiliser au diabète de type 1. « Nous avons parfois des idées saugrenues, souligne en souriant Noémie Borel. En mai 2025, les îlots de Langerhans organisaient une course solidaire – le tour du monde des îlots – qui a réussi l’exploit de faire parcourir 551 503 km pour médiatiser la maladie au niveau mondial. Réfléchissant à ce que nous pourrions faire, nous avons imaginé réaliser 1 000 kilomètres à vélo, tous les sept, soit 7 000 km en tout, en traçant sur la carte de France le sigle mondial du diabète de type 1 ». Le chiffre, symbolique, renvoie aussi à l’expression « Dans le mille ! », qui évoque la cible que recherchent, jour après jour, les patients diabétiques.
Toute la famille adhère immédiatement au projet avec la volonté, tenace, de combattre les préjugés, voire le rejet. Car Corentin a par exemple été exclu de sorties scolaires ou d’activités sportives au motif de sa maladie. Aller au bout de la démarche représentait l’occasion de prendre une belle revanche tout en démontrant aux autres enfants de l’association que beaucoup de beaux projets restent possibles.
Après deux journées tests pour s’assurer que parcourir une moyenne de 80 kilomètres par jour était réalisable, les parents ont sécurisé le parcours sur pistes cyclables, anticipé les pauses - afin de rallier régulièrement la voiture qui contenait pique-niques et matériel médical – et réservé les chambres d’hôte. « Les enfants et moi avons réalisé les 1 000 kilomètres selon le tracé. Le matin, nous partions tous les sept ensemble. Mon mari, parfois accompagné de notre fils Matthieu lorsqu’il souffrait de douleurs neurologiques liées à son cancer, retournait en arrière après 10 kilomètres pour amener la voiture à un point convenu et nous rejoindre en sens inverse à vélo. Nous avions expliqué à Matthieu qu’à dix ans, compte tenu de la taille de son vélo, 800 kilomètres représentaient la distance collectivement fixée. »
« Corentin n’a rien lâché »
Au terme de cette belle aventure, l’expérience ne laisse que de bons souvenirs malgré une météo capricieuse, avec beaucoup de pluie les trois premiers jours. « Le mental a aussi beaucoup joué. Corentin a fait énormément de kilomètres malgré de fortes hypoglycémies. Et l’aîné de nos garçons, Clément, qui est autiste Asperger, a aussi dépassé son besoin de routine. Il a même réussi pour la première fois à dormir ailleurs que dans sa chambre. Ce qui est aussi un formidable message d’espoir. Et puis nous avons reçu beaucoup d’encouragements de la part des membres de l’association mais aussi de la diabétologue de Corentin. »
Si les objectifs sportifs, médicaux et humains ont été atteints par la famille Borel, il reste encore à vaincre les incompréhensions du quotidien : l’assimilation du diabète de type 1 à celui de type 2 qui conduit certains à juger qu’une bonne hygiène de vie aurait suffi à éviter la maladie ; l’Education nationale n’autorise aucun secours lors d’épreuves comme le brevet. « Du fait de son TDAH, la glycémie de Corentin varie fortement et de manière imprévisible. Pendant l’une des épreuves, elle était à 3,5 grammes. Si j’intervenais ou si j’appelais une infirmière ou les pompiers, l’examen était annulé. Notre fils a réussi son brevet, mais ce fut au détriment de sa santé », dénonce Noémie Borel. Elle non plus ne lâchera rien.
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