Face à une urticaire

L'importance d'un interrogatoire minutieux

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Publié le 14/03/2019
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urticaire

urticaire
Crédit photo : PHANIE

Le diagnostic d'urticaire est assez facile : la lésion élémentaire à type de papule prurigineuse et migrante, disparaissant complètement moins de 24 heures est caractéristique. Elle est en général sensible aux antihistaminiques.

Elle peut s'associer à un angio-œdème, rose ou blanc, peu prurigineux, parfois douloureux qui lui aussi disparaît en moins de 24 heures et est également sensible aux antihistaminiques. Il faut toutefois éliminer un angio-œdème à bradykinine, qui dure plus de 24 heures, et qui peut s'associer classiquement à des douleurs abdominales intenses par crise.

La chronologie permet de distinguer deux types d'urticaires. D'une part, l'urticaire aiguë, d'une durée de plus de 24 heures, mais de moins de 6 semaines, pour laquelle l'étiologie allergique est écartée et qui est une pathologie fréquente et le plus souvent bénigne. D'autre part l'urticaire récidivante ou chronique, définie par une évolution supérieure à 6 semaines ou la survenue d'au moins 3 épisodes espacés au minimum d'un mois d'intervalle, qui nécessite un bilan minimum.

La recherche de facteurs déclenchants ou aggravants est essentielle.

En premier lieu, on recherchera à l'anamnèse la présence de facteurs déclenchants ou aggravants : infection, notamment chez l'enfant, stress, consommation d'aliments riches en histaminolibérateurs, prise d'anti-inflammatoire non stéroïdiens…

Il faut également rechercher une pathologie sous-jacente souvent associée aux urticaires, telle une dysthyroïdie, ou autre pathologie auto-immune.

Les urticaires inductibles, par opposition aux urticaires spontanées (idiopathiques, sans cause retrouvée), sont provoquées par certains facteurs déclenchants : frottement de la peau (dermographisme), effort (urticaire cholinergique), facteurs physiques : urticaire au froid, au chaud, retardée à la pression, vibratoire, à l'eau (aquagénique). Ces urticaires physiques peuvent exceptionnellement s'associer à une anaphylaxie qu'il faut savoir rechercher à l'anamnèse. L'urticaire cholinergique ne s'associe jamais à une anaphylaxie.

Antihistaminiques si besoin à doses élevées

Un bilan doit être effectué, comprenant en première intention NFS, CRP, anticorps anti-TPO (anti-thyroperoxydase), VS, et analyse parasitologique des selles orientée par l'interrogatoire.

Le traitement de première intention fait appel aux antihistaminiques de deuxième génération. « Il ne faut pas hésiter à donner des doses élevées, jusqu'à quatre fois la posologie habituelle selon les recommandations habituelles », indique la Dr Audrey Martin-Blondel, pneumologue et allergologue au service pédiatrie du CHU de Toulouse.

Le patient doit bien comprendre le rôle des facteurs aggravants (AINS, stress, facteurs physiques) et limiter les aliments histaminolibérateurs si leur effet a été retenu : chocolat, agrumes, poissons, légumes verts et rouges…

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9732