La pression artérielle (PA) connaît des variations du fait de l’interaction entre de très nombreux facteurs intrinsèques — neurologiques, humoraux, vasculaires, cardiaques, etc. — ou extrinsèques — saisonnalité, hygiène de vie, stress, éléments iatrogènes, etc. Le consensus rédigé cette année a souligné la difficulté d’établir des recommandations formelles sur la pertinence clinique de la variation tensionnelle, du fait d’études hétérogènes et du manque de standardisation des données (1). Il a cependant réuni les données disponibles et fourni des indications pratiques sur la manière de l’évaluer et de l’interpréter en clinique.
On dispose désormais de moyens simples pour détecter la variation tensionnelle, que ce soit par surveillance continue ou autosurveillance à domicile. Le problème se complique lorsqu’on veut définir les paramètres à retenir : l’intervalle pertinent se compte-t-il en heures, semaines, voire années ? Et comment entrent en jeu la fréquence de ces variations, leur caractère régulier ou non, la dispersion par rapport à la norme ou aux autres mesures, des schémas spécifiques, la baisse nocturne (dipping), post-prandiale, ratio jour/nuit, etc. ?
Un facteur de risque encore à explorer
« Il est essentiel d’analyser la variabilité tensionnelle. Lorsqu’elle est accrue, elle témoigne d’une dysrégulation cardiovasculaire (CV), associée à une augmentation de la mortalité CV et globale, des accidents vasculaires cérébraux (AVC), des lésions coronariennes, de l’insuffisance cardiaque, rénale terminale, et même de la démence », souligne la Dr Francesca Saladini (Padoue, Italie).
Plusieurs études ont mis en évidence des liens physiopathologiques entre variabilité tensionnelle et ces complications. Il existe ainsi une corrélation entre la variabilité sur 24 heures, l’hypertrophie ventriculaire gauche (HVG) et la dysfonction diastolique, ou entre la variabilité à court et long terme et la rigidité artérielle.
Les variations de la PA nocturne, qu’elle soit systolique ou diastolique, augmentent le risque d’événements CV après ajustement sur les autres paramètres, y compris sur les valeurs moyennes de PAS/PAD. En analysant la variabilité d’un jour à l’autre, l’étude Idhoco montre que les hypertendus chez qui elle est la plus importante sont plus exposés aux complications CV. À noter que l’effet sur les événements CV d’une variabilité d’au moins 12,8 mmHg à court terme persiste après ajustement sur tous les autres facteurs, y compris l’absence de baisse nocture (non dipping).
Et plusieurs études ont aussi confirmé que la variabilité de la PA à long terme — d’une consultation à l’autre — favorise les complications cardio-cérébrovasculaires.
Des pistes thérapeutiques
Certains traitements pourraient être plus efficaces que d’autres en cas de variabilité tensionnelle élevée. Pour aplanir le profil tensionnel des 24 heures, il est préférable d’utiliser les antihypertenseurs à longue durée d’action, comme les inhibiteurs calciques ou les diurétiques si le contexte le permet.
La dénervation rénale pourrait être favorable, une métanalyse récente montrant qu’elle réduisait la variabilité tensionnelle à court terme dans l’HTA résistante.
(1) Blood pressure variability: methodological aspects, clinical relevance and practical indications for management - a European Society of Hypertension position paper. J Hypertens. 2023 Apr 1;41(4):527-544 doi : 10.1097/HJH.0000000000003363
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