La Pologne avait eu la bonne idée de faire en 2003 une étude qui avait montré une nette différence de la prévalence de l’atopie entre habitants en milieu rural (villages) et habitants en milieu citadin (petites villes) dans le sud-ouest du pays. Une bonne idée car cela a servi de point de comparaison pour une nouvelle étude conduite en 2012 sur le même sujet, dans les mêmes zones. Avec, entre les deux, l’entrée en 2004 de la Pologne dans l’Europe… et donc l’entrée en Pologne de toute une règlementation agricole et sanitaire.
En 2012, donc, l’équipe de Barbara Sozanska a lancé la nouvelle étude qui avait clairement pour but de voir si l’entrée dans l’Europe s’était accompagnée d’un accroissement de l’atopie, de l’asthme et de la pollinose dans les villages.
Les chercheurs ont suivi 1 730 habitants de plus de 5 ans, parmi lesquels 560 villageois et 348 citadins ayant participé à l’étude de 2003.
Ces personnes devaient répondre à un questionnaire sur leur « exposition liée aux activités de la ferme » ; l’atopie était évaluée par des prick tests.
Résultats :
– en 2012, beaucoup moins de villageois étaient en contact avec des vaches (4 % versus 24,3 % en 2003), les porcs (14 % versus 33,5 %), le lait de vache (2,7 % versus 12,7 %) ou avaient bu du lait non pasteurisé (9 % versus 35 %) ;
– parmi les villageois, dans toutes les tranches d’âge, on a constaté entre 2003 et 2012 une augmentation significative de la prévalence de l’atopie, à la fois dans la population totale (7,3 % versus 19,6 % ; p < 0,0001) et parmi les sujets qui avaient déjà participé à l’étude de 2003 (7,9 % versus 17,8 % ; p < 0,0001) ;
– parmi les citadins, la prévalence de l’atopie ne s’est pas modifiée de façon significative entre 2003 et 2012 ;
– la prévalence du rhume des foins a été multipliée par deux dans les villages, mais pas dans les villes ;
– en revanche, il n’y a pas eu de réelle modification de la prévalence de l’asthme, que ce soit dans les villages ou dans les villes.
« Nous rapportons une augmentation substantielle de l’atopie à tous les âges dans un laps de temps remarquablement court dans une population polonaise dont l ’exposition liée aux activités de la ferme a été réduite de façon spectaculaire après l’entrée dans l’Union européenne », concluent les auteurs.
Dr Emmanuel de Viel
Sozanska B et coll. J Allergy Clin Immunol 2014 ; 133 : 1347-53.
Voir le site www.allergique.org
Vers une flambée des cas de rougeole en 2021 ? Des scientifiques s'inquiètent des conséquences de l'épidémie de Covid
Pour une prise en charge adéquate
Un risque de dépression à la ménopause
Les maladies rares impactées par la crise sanitaire, mais 30% des patients ont eu une prescription par mail lors de la première vague
Nawale Hadouiri, première vice-présidente de l'ISNI
« Un interne choisit une spécialité souvent après une expérience en stage »