Les Français sont inquiets pour le système de santé. C’est ce que renseigne le sondage CSA-Havas Red Health, mené du 20 au 25 mars 2024, auprès d'un échantillon national représentatif de 1 009 Français âgés de 18 ans et plus, publié par La Tribune le 20 avril.
Parmi les sujets qui préoccupent « le plus personnellement » les Français, la santé arrive en effet en deuxième position (à 36 %), soit 5 points de plus par rapport à janvier 2024. Elle est même citée en premier par 20 % des citoyens. Cette thématique se place devant l’insécurité, l’environnement et l’immigration. Ces chiffres suivent la même tendance que le sondage Ipsos pour les européennes.
Les Français veulent davantage de soignants
Dans le détail, 63 % des Français jugent que le système de santé fonctionne « mal » et 17 % « très mal ». En classes d’âge, les « 18-24 ans » sont 40 % à émettre ce jugement critique quand les « 65 ans et plus » sont à 71 % (et les « 35-49 ans » à 73 %). Pire, seuls 12 % des Français estiment que le système de santé évolue « plutôt dans le bon sens », 71 % considèrant qu’ils évoluent au contraire « plutôt dans le mauvais sens ». Et cela est particulièrement marqué chez les « 50-64 ans » (à 81 %) et « 65 ans et plus » (à 75 %).
Pour quelles raisons le système de santé dysfonctionne-t-il ? En premier lieu, les Français pointent du doigt les moyens humains (66 %), le numerus clausus et le manque de médecins (29 %), les délais pour obtenir un rendez-vous (23 %) et le manque de soignants (23 %). Mais aussi les soins eux-mêmes (30 %) et leur baisse de qualité (11 %), ainsi que la saturation des urgences (12 %), sans oublier le coût des frais de santé (19 %).
La « possible » financiarisation du système
Que faire pour améliorer la santé des Français ? Ces derniers estiment d’abord que les plus légitimes pour intervenir sont les personnels soignants eux-mêmes (à 53 %), devant le gouvernement à 51 %.
Les Français ont également été sondés sur la possibilité « qu’un jour le gouvernement ne se charge plus de la santé des Français et que ce rôle revienne à des entreprises privées », autrement dit sur le risque d’un changement total de gouvernance et d’une financiarisation du système. Résultat : 59 % des personnes interrogées envisagent ce scénario comme « possible » (28 % dans un avenir proche, 31 % dans un avenir lointain) contre 41 % qui n’imaginent pas cela crédible. Chez les CSP + le total atteint 63 %.
En testant le sujet qui monte de la « financiarisation » de la santé, cette étude fait écho à la mission d’information ad hoc lancée par la commission des Affaires sociales du Sénat fin janvier, laquelle rendra ses conclusions d’ici à l’été. Les auditions déjà menées ont mis en lumière les préoccupations du secteur, déjà largement touché, notamment en biologie ou radiologie.
Des attentes en termes de complémentaires
Les Français aimeraient enfin que certains secteurs d’activité contribuent davantage à améliorer leur santé : mutuelles et assurances (85 %), alimentation (83 %), services à la personne (82 %) et services publics (80 %) en tête. Mais, aussi, l’automobile (53 %), le divertissement (52 %), le voyage (50 %), la mode et le textile (49 %) ou encore le luxe (45 %).
Toutefois, deux tiers des Français n’arrivent pas à citer spontanément « une marque ou une entreprise » qui contribuerait directement à cette amélioration de la santé. Les laboratoires pharmaceutiques sont toutefois cités en premier (16 %) et notamment Sanofi à 6 %.
Les Français favorables à l’aide active à mourir
Le sondage CSA-Havas Red Health s’est également penché sur l’aide à mourir, discutée à l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi du gouvernement. C’est un sujet important pour plus des trois quarts des Français (41 % prioritaire, 33 % important mais pas prioritaire, 13 % secondaire).
Dans le détail, 89 % d’entre eux sont favorables à ce qu’une aide active à mourir (administration de produits provoquant la mort du patient) soit autorisée par la loi, « pour les patients atteints de maladies incurables et qui en feraient explicitement la demande » (53 % dans tous les cas, 36 % si le patient souffre de douleurs que la médecine ne peut pas soulager, 11 % n’y sont pas favorables).
82 % des Français seraient prêts à y avoir recours (40 % dans tous les cas, 42 % si les douleurs ne peuvent pas être soulagées par la médecine, 18 % non). Cette frange est plus forte chez les 50-64 ans et les 65 ans et plus (87 %).
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