Des mois ont passé depuis l’adoption dans la douleur de la loi bien vieillir en mars 2024, avant la dissolution de l’Assemblée nationale, prévoyant un service départemental de l'autonomie, un « guichet unique pour décloisonner » les politiques en faveur des personnes âgées et en situation de handicap, ou encore une instance départementale de signalement des cas de maltraitance. Et maintenant ?
À défaut de pouvoir s’engager sur un nouveau plan d’investissement coûteux (en complément des soutiens budgétaires exceptionnels déployés en 2025 – dont un fonds de 250 millions d’euros), le ministère chargé de l’Autonomie et du Handicap a convoqué cette semaine les représentants du secteur (fédérations d’employeurs, associations de personnes âgées, collectifs de familles et d’aidants, etc.) afin de relancer des travaux en prévision d’une future loi grand âge, toujours espérée d’ici à fin 2025.
1 800 Ehpad accompagnés d’ici à 2027
Mais sans attendre, et au-delà du soutien budgétaire, le ministère a annoncé le déploiement du programme national Perf Ehpad, un soutien de l’État entièrement pris en charge et fondé sur le volontariat, destiné à épauler les établissements. « Nous mettons à leur disposition un appui structuré, personnalisé, pour leur permettre de renforcer leur fonctionnement et de mieux répondre aux attentes des résidents et de leurs proches », indique la ministre Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du Handicap.
Près de 1 800 Ehpad seront accompagnés d’ici à 2027, à raison de 600 par an. Les établissements seront identifiés par les agences régionales de santé (ARS) et les conseils départementaux mais leur participation reposera sur une adhésion volontaire. L’accompagnement personnalisé (équilibre de gestion, conditions de travail, aide au management, etc.) est porté par l’Agence nationale d’appui à la performance sanitaire et médico-sociale (Anap), en lien étroit avec les acteurs territoriaux.
50 000 postes à créer d’ici à 2030
Alors que l’attractivité reste un enjeu clé pour ce secteur qui peine à recruter en raison de la pénibilité et des faibles rémunérations, les besoins restent criants : d’ici à 2030, 50 000 recrutements de soignants ont été promis, selon les engagements de l’exécutif, qui restent à concrétiser chaque année.
À défaut, là encore, de choc d’attractivité immédiat, le ministère travaille sur un plan interministériel pluriel, actionnant divers leviers. Souhaitant réduire la sinistralité en matière d’accidents du travail, il promet des mesures ciblées sur la qualité de vie au travail, par exemple « pour investir dans des chariots permettant de soulever les personnes âgées ». Des solutions de répit aux parents proches aidants sont aussi évoquées.
Même si un fonds d’urgence de 300 millions d’euros a été financé pour aider les Ehpad les plus fragilisés d’ici à fin 2025, le secteur reste en très grande difficulté économique et affiche ses inquiétudes dans un contexte budgétaire qui se tend fortement (comme l’illustre la procédure d’alerte sur les dépenses maladie qui vient d’être déclenchée mercredi par le comité ad hoc indépendant). Pour autant, « il faudra bien trouver des budgets », admet le ministère. Une avancée attendue – qui entrera en vigueur le 1er juillet – est l’expérimentation de la fusion des sections « soin » et « dépendance » dans 23 départements volontaires, qui permettra de simplifier le financement des Ehpad.
Le ministère lancera aussi « dans les prochaines semaines » la stratégie nationale maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer, sclérose en plaques) qui vise à « mieux détecter, prévenir et accompagner ». Et le 9 juillet, aura lieu la conférence nationale de l’autonomie qui rassemblera 300 acteurs du grand âge. « Des objectifs clairs seront fixés », assure le ministère. Mais l’équation budgétaire risque d’être omniprésente pour l’exécutif, qui cherchera aussi « des niches d’efficacité dans les dépenses ».
Habitat intermédiaire
Pour ne pas se fracasser contre le mur démographique de 2030 (5,2 millions de Français auront plus de 80 ans à cette date), le virage domiciliaire reste l’autre mantra du gouvernement qui « assume de ne plus construire des Ehpad ».
Cette stratégie domiciliaire est alimentée par le déploiement de l’habitat intermédiaire pour lequel l’exécutif souhaiterait créer 5 000 places. « Ce modèle à inventer ne décolle pas encore, regrette toutefois le ministère chargé de l’Autonomie. Ces espaces partagés – résidences autonomie, résidences seniors – qui devront se multiplier partout sont pourtant en capacité de proposer aux résidents l’accompagnement sanitaire et médico-social dont ils ont besoin. » Une mission de l’Igas doit prochainement proposer un plan d’action.
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