Alors que l’examen de la PPL Garot, prévu au Palais Bourbon ce mercredi 7 mai, pourrait être repoussé à juin pour cause de saturation du calendrier parlementaire, les avocats de la régulation à l’installation des médecins prennent la parole dans deux tribunes au vitriol.
Anciens chefs du service anesthésie-réanimation à Lariboisière (AP-HP) et au CHU de Grenoble, les Prs Didier Payen et Jean-François Payen* signent une tribune dans Le Monde publiée le 7 mai qui dénonce le « lobby médical » qui « trouve des relais efficaces auprès de responsables politiques qui n’ont aucun problème à les soutenir tout en se lamentant des lacunes de la couverture de soins sur leurs territoires ».
Posture du corps médical
Les deux PU-PH argumentent que la formation d’un futur médecin en France est largement subventionnée par l’État et, donc, les impôts des contribuables. Or, parmi eux, « des malades qui ne trouvent pas de médecins à moins de 50 kilomètres ou à moins de six mois de délai pour une consultation », soit 8 millions de Français qui vivent dans un désert médical. « Comment ces contribuables peuvent-ils accepter la posture actuelle du corps médical et ne pas se sentir abandonnés par les instances publiques ? », interrogent les auteurs.
D’autant plus que, selon eux, la France a désormais un nombre suffisant de médecins (340 pour 100 000 habitants), mais « pas bien répartis, avec des écarts de densité de 1 à 3 sur le territoire national ». Dans ce contexte, écrivent-ils aussi, « entendre les représentants du corps médical s’offusquer des timides propositions gouvernementales pour davantage réguler le choix du site d’installation est déplacé, voire choquant ».
Les deux anciens chefs de service rappellent que ces zonages existent pour les pharmaciens, kinésithérapeutes, infirmiers et, plus récemment, dentistes, ce qui n’a pas suscité de vague d’indignation. « Ne serait-il pas logique de demander aux intéressés une redevance d’exercice au début de leur carrière au titre de l’aide financière reçue pendant leur formation médicale ? », demandent-ils à nouveau au sujet des jeunes médecins. Il ne s’agit pas de rembourser l’aide perçue pendant les études, mais de demander un « engagement (modeste) au regard de la qualité de la formation reçue ».
Pourtant eux-mêmes praticiens, les Prs Payen écrivent qu’« il est temps que les médecins reconnaissent les avantages dont ils ont bénéficié depuis longtemps ». Ainsi, pour eux, il ne faut pas oublier le rôle social du métier : « être médecin, c’est faire tout notre possible pour soigner des êtres humains, les soulager et mettre à leur profit notre expérience, que nul ne conteste ».
La médecine libérale, salariée de la Sécu
Cette tribune fait écho à une autre publiée le 6 mai dans Libération et signée par la directrice d’hôpital Émilie Bérard et le chercheur Emmanuel Vigneron, qui estiment pour leur part qu’il convient de repenser tout le système de santé, en mobilisant les autres acteurs et en faisant en sorte de repenser le statut central du médecin généraliste.
« Les médecins ont une responsabilité fondamentale à l’égard de la collectivité, liée à leur engagement professionnel et éthique, ainsi qu’à leurs conditions de financement », écrivent-ils. Ces derniers ajoutent que, même si la médecine est libérale en France, « elle reste avant tout salariée de la Sécurité sociale », leur donnant des droits, mais aussi « l’obligation de participer à l’élaboration de solutions, dans des conditions financières et humaines soutenables pour tous ». Face à la démarche incitative jusqu’alors privilégiée, qui montre ses limites, les deux acteurs appellent ainsi à « accélérer le rythme ».
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