« Aller plus loin » dans les actes confiés à des non-médecins et « mobiliser l’ensemble des compétences ». C’est l’une des volontés exprimées dans le pacte contre les déserts médicaux présenté le 25 avril par François Bayrou et ses ministres.
Le gouvernement, qui défend par ailleurs l’idée d’une « solidarité obligatoire » des médecins – jusqu’à deux jours d’exercice par mois dans les zones sous-denses – mise donc également sur la montée en puissance de certains paramédicaux et des pharmaciens pour libérer du temps médical.
Du côté des nouveaux actes des professions paramédicales, le plan propose ainsi que les orthophonistes puissent réaliser des aspirations endotrachéales, les audioprothésistes des retraits de bouchon et les pédicures-podologues le retrait des verrues à l’azote.
En matière d’accès direct, les orthophonistes en exercice coordonné pourront être vus en accès direct et le déploiement de la plateforme prévention soins orthophonie (PPSO) sera étendu.
Du côté des kinés cette fois, la liste des prescriptions autorisées sera « mise à jour », précise le gouvernement, qui rappelle que l’expérimentation d’accès direct prévue par la loi Rist de 2023 dans les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) de 20 départements démarrera « en juin 2025 ».
Les ergothérapeutes et professionnels de l’appareillage « verront leurs exercices facilités », fait savoir le gouvernement, sans davantage de précision.
Nouvelles missions officinales
Concernant les pharmaciens d’officine, l’exécutif entend assurer un élargissement des missions (premiers soins, traitements) pour la prise en charge de certaines affections courantes. Pour une rhinite allergique saisonnière, le patient pourra se rendre en pharmacie pour recevoir son traitement avec une ordonnance échue (renouvellement), peut-on lire dans la synthèse. En cas d’infection à la suite d’une piqûre d’insecte, le patient pourra également recevoir un traitement, peut-on lire.
Quant à la prise en charge « directe » par les pharmaciens, le ministère envisage de nouveaux « protocoles décisionnels » validés par la Haute Autorité de santé (HAS), par exemple pour les sinusites aiguës. « Notre modèle, c’est ce qui a été fait pour la prise en charge des angines et les cystites en pharmacie avec plus de neuf millions de consultations par an », précise-t-on à Matignon.
Les infirmiers en première ligne
Le gouvernement mise par ailleurs sur la proposition de loi de refonte de la profession infirmière – laquelle sera examinée au Sénat à partir du 5 mai – pour améliorer l’accès aux soins. Un infirmier pourra « prendre en charge directement les plaies » ou assurer des consultations de prévention ou d’éducation en santé, illustre le ministère.
Autre avancée : l’arrêté attendu concernant les primo-prescriptions des infirmiers en pratique avancée (IPA) en structures d’exercice coordonné vient d’être publié cette semaine. Le texte fixe la liste des actes et produits de santé que les IPA sont autorisé(e)s à prescrire. « Un patient diabétique pourra se voir prescrire un dispositif d’autosurveillance de sa glycémie capillaire », illustre le gouvernement.
Recours facilité aux opticiens en Ehpad
Pour renforcer l’accès aux sages-femmes, leurs compétences en matière de prise en charge des fausses couches spontanées vont être élargies, après l’extension l’an passé des IVG chirurgicales.
Concernant l’accès aux soins visuels, l’expérimentation permettant l’intervention des opticiens-lunetiers en Ehpad sera généralisée. En outre, l’adaptation des primo-prescriptions par les opticiens sera simplifiée pour permettre aux patients d’avoir un meilleur accès aux lunettes.
Enfin, le gouvernement entend une nouvelle fois « lever les freins au développement du nombre d’assistants médicaux », en augmentant les capacités de formation et en élargissant leurs missions « pour qu’ils puissent réaliser certains actes du quotidien », peut-on lire. Ainsi, d’ici à 2028, 15 000 assistants médicaux devraient être déployés, permettant plus de 3,5 millions de consultations supplémentaires par an.
Vers un plafonnement de l’activité esthétique chez les généralistes
Le Plan Bayrou prévoit aussi la régulation plus stricte de la médecine esthétique, en plein essor. L’activité esthétique non dédiée au soin d’un généraliste conventionné sera plafonnée « à hauteur de 10 % du chiffre d’affaires ». Et à l’instar de la mise en place du premier diplôme interuniversitaire en médecine esthétique, l’exécutif souligne vouloir « encadrer, en lien avec l’Ordre des médecins, les conditions d’exercice » de cette activité. « Le mélanome est prioritaire par rapport aux injections de botox », a assumé devant la presse le ministre de la Santé Yannick Neuder, en référence à l’activité esthétique des dermatologues.
Le programme Emmie au Québec ou comment amener les femmes enceintes à se vacciner
Décès de Roland Mehl, fondateur du prix Galien
Fraude à la Sécu : un couple de médecins accusé d’avoir détourné un million d’euros
Des personnalités demandent l'entrée au Panthéon de la psychiatre et résistante Adélaïde Hautval