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4e année : nouvelle journée de mobilisation de syndicats étudiants, jeunes médecins et seniors

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Publié le 17/11/2022
Lors d’une conférence de presse jeudi 17 novembre, une intersyndicale composée de syndicats d’étudiants (Isnar-IMG, Anemf), de jeunes médecins (ReAGJIR) ainsi que de libéraux (MG France, CSMF, FMF, SML) a exprimé sa position commune en amont de manifestations contre la 4e année de médecine générale.

Crédit photo : Aude Frapin

Ce jeudi 17 novembre, une nouvelle journée de mobilisation contre la 4e année de médecine générale, notamment dans la capitale. À l’initiative des syndicats d’étudiants en médecine (Isnar-IMG, Anemf) et des jeunes médecins (ReAGJIR), soutenus par des syndicats seniors (MG France, CSMF, FMF, SML), une marche s’élance de la Place du Panthéon au ministère de la Santé.

Yaël Thomas, président de l’Anemf, attend plus de 4 000 personnes. Avec ses collègues de l’Isnar-MG, il doit être reçu à Ségur, sans savoir pour l’instant si le ministre François Braun sera présent. Le préavis de grève, lui, est déposé, pour une durée illimitée. « L’objectif final est l’abandon de la quatrième année, que nous jugeons inefficace et contre-productive », exprime-t-il lors d’une conférence de presse organisée en amont de la manifestation.

L’attractivité de la médecine générale remise en question

Lors de ce point presse, organisé en présence de tous leurs soutiens syndicaux, le jeune président de l’Anemf a partagé les résultats de son « État des lieux : attractivité de la médecine générale, de l’exercice en France et impact sur le bien-être étudiant ». Si la méthodologie employée interroge sur la représentativité des résultats, des tendances se dessinent toutefois.

Sur plus de 6 500 réponses, les étudiants en médecine de deuxième année (DFGSM 2) à sixième année (DFASM 3) expriment leurs inquiétudes dans un contexte (4e année, volonté de coercition etc.) compliqué pour eux. Après l’annonce de l’ajout d’une année au DES de médecine générale, 50,4 % des étudiants rapportent avoir des doutes sur le fait de choisir cette spécialité. Pour 7,7 %, ce n’est même plus une option !

Partir à l’étranger, une solution pour certains

Alors, pour certains la solution se trouve… à l’étranger ! L’Anemf rapporte que 54 % des étudiants réfléchissent de plus en plus à exercer en dehors de la France, quand 5,3 % sont sûrs d’exercer ailleurs. Seuls 11,1 % se disent sûrs de rester dans l’Hexagone.

Ce contexte a un impact d’ailleurs sur le bien-être des étudiants qui rapportent avoir une santé mentale mauvaise ou plutôt mauvaise à 35 %, contre 20 % avant les annonces. Enfin, un étudiant sur trois (32,7 %) a pensé à arrêter ses études. Pire encore, quatre étudiants sur cinq (81,1 %) ont l’impression de ressentir davantage d’anxiété suite aux annonces du gouvernement. « Nous sommes assez inquiets pour le futur », avoue Yaël Thomas.

Une réforme sans intérêt pédagogique ?

De son côté, Raphaël Presneau, président de l’Isnar-IMG, a lui aussi fustigé cette réforme « sans intérêt pédagogique », tout en soulignant le manque de maîtres de stage universitaire (MSU) et les « conditions de réalisation précaires » de la 4e année.

Dans son intervention, le Dr Élise Fraih, présidente de ReAGJIR, a exprimé ses inquiétudes, notamment sur l’opposition montée par le gouvernement entre patients et médecins. La généraliste a également appelé à « arrêter les certificats abusifs ».

Le soutien des seniors

Lors de leur prise de parole, les syndicats seniors ont félicité la mobilisation des étudiants. Le Dr Franck Devulder, président de la CSMF, a qualifié la réforme d'« aussi inacceptable que dangereuse » et dit « non aux solutions faciles et politiciennes », regrettant « le manque de moyen » mis à disposition par le gouvernement.

Même constat pour le Dr Corinne Le Sauder, présidente de la FMF, qui s’est dit « très fière de l’engagement des jeunes », mais aussi « triste de penser que des médecins qui ont beaucoup donné à ce beau métier vont quitter la profession en raison des mesures toujours plus contraignantes. »

La problématique des locaux

Pour le Dr Agnès Giannotti, présidente de MG France, il serait opportun de parler de 10e année au lieu de 4e année pour sensibiliser le grand public à la cause. « Nous avons besoin de jeunes médecins, mais les mesures prises ne peuvent que les faire fuir ! », a-t-elle regretté. La généraliste parisienne a abordé la question des locaux, inadaptés aujourd’hui à l’accueil d’étudiants ou d’autres professionnels de santé collaborateurs.

Le président du SML, Dr Philippe Vermesch, a lui développé son idée de « solidarité intergénérationnelle », ne voulant pas « laisser les jeunes seuls dans les déserts », mais plutôt les placer dans des cabinets de groupe avec le statut d’associé.


Source : lequotidiendumedecin.fr