Depuis leur apparition, la couverture des antirétroviraux (ARV) s’étend et les nouvelles formulations plus efficaces et moins toxiques changent la donne pour les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et leur espérance de vie est presque similaire à la population générale. En 2023, sur près de 40 millions de PVVIH, 77 % étaient sous traitement antirétroviral. Ainsi, l’Onusida estime à 360 000 le nombre de personnes décédés du sida en 2023 contre 2,1 millions en 2004 dans le monde.
Puisque moins de patients meurent du sida, les causes de leurs décès sont de plus en plus liées au vieillissement : maladies cardiovasculaires et cancers, que les PVVIH développent à un rythme plus élevé. Ainsi, plusieurs études récentes suggèrent une proportion grandissante de la surmortalité non liée au sida chez les patients concernés. Des chercheurs ont travaillé à quantifier plus précisément chez les PVVIH quelle était la mortalité et la surmortalité attribuables au sida et celles liées à d’autres causes. Leurs résultats sont publiés dans le Journal of the International Aids Society.
Mieux prendre en charge les comorbidités
Les études retenues dans la méta-analyse portent sur des pays riches, cinq en Europe centrale et de l’Ouest, une au Canada, une au Japon et une en Corée du Sud. Au total, les chercheurs ont inclus 1,3 million de personnes-années avec près de 17 500 décès toutes causes de PVVIH, ce qui correspond à un taux de mortalité de 13,1 par 1 000 personnes-années. Parmi eux, 7 700 décès étaient dus au sida (44 %), ce qui correspond à un taux de mortalité lié au sida de 5,8 pour 1 000 personnes-années (2,8 au sein de la population générale). Ainsi, plus de la moitié de la mortalité des PVVIH est due à d’autres causes que le sida. Quant à la surmortalité, 53 % étaient attribuables au sida, 47 % aux comorbidités. À l’échelle régionale, la surmortalité liée au sida était de 52 % en Europe centrale et de l’Ouest et en Amérique du Nord et de 71 % en Asie-Pacifique.
Les résultats obtenus illustrent bien l’efficacité des antirétroviraux qui réduisent la part de décès dus au sida. Mais la surmortalité totale des PVVIH montre aussi que les autres causes restent mal prises en charge dans cette population.
Les auteurs recommandent de mettre en œuvre des stratégies de dépistage efficaces : un risque élevé de comorbidités non sida est souvent observé chez les personnes qui commencent leur traitement tardivement. Est aussi préconisée une meilleure prévention autour de l’usage de substances (tabac, alcool, drogues, surtout les opioïdes) plus prévalent chez les PVVIH, qui contribue à certaines de ces mortalités. L’équipe pointe aussi la fragilité des populations les plus touchées par le VIH, de statut socio-économique faible, un indicateur fort de la mortalité prématurée en population générale.
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