« Le développement de l’autodétermination est lié positivement à de nombreux éléments : respect des droits de la personne, inclusion sociale, qualité des relations interpersonnelles, bien-être émotionnel, bien-être physique, bien-être matériel, qualité de vie et satisfaction face à sa propre vie », indique la Haute Autorité de santé (HAS) en préambule de travaux qu’elle mène actuellement sur le sujet. Attendues pour 2027, les recommandations porteront sur l’accompagnement au développement de l’autodétermination et du pouvoir d’agir des personnes en établissement ou service social ou médico-social (ESSMS).
Certains établissements se sont déjà saisis du sujet. À l’exemple du service d'accompagnement à la vie sociale (SAVS), du service d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés (SAMSAH) SAM’Concerne situé à Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise). « Nous avons toujours eu cette culture de la place de la personne au sein du service, mais avec quand même une posture de professionnel un peu sachant qui vient délivrer à la personne des conseils, lui dire à partir d'une analyse de ses attentes et de ses besoins ce qu’il pense bon pour elle. Puis nous avons découvert que cette façon de travailler avait énormément de limites », a témoigné François Parmentier, ancien directeur du service, lors des universités de la coordination en santé (Albi, août 2025).
C’est comme ça que l’équipe a commencé à être formée à l’autodétermination à la fin des années 2010, via l’organisme Campus Formation et l’association Gapas. Une démarche également mentionnée par la HAS. « Les études et les retours d’experts interrogés montrent l’importance de formations s’adressant aux professionnels de l’accompagnement, dédiées à l’autodétermination et au pouvoir d’agir. Toutefois, ces formations n’ont de sens que si elles sont suivies d’une dynamique institutionnelle cohérente et collégiale permettant une évolution des pratiques. » Cette évolution ne s’est pas faite sans heurts dans les équipes du service SAM’Concerne. Ce changement n’a pas été évident pour tout le monde, comme l’a expliqué François Parmentier : « Ça a vraiment changé la façon de travailler de certains. Une éducatrice m’a dit : “J’ai retrouvé du sens à mon métier après cette formation et cette expérience de soutien à l’autodétermination”. Mais des collègues ont quitté l’équipe à ce moment-là, disant ne pas s’y retrouver. »
Ces formations n’ont de sens que si elles sont suivies d’une dynamique institutionnelle cohérente et collégiale permettant une évolution des pratiques
Haute Autorité de santé
Des comités de pilotage ouverts aux personnes accompagnées
Mais le service SAM’Concerne ne s’est pas arrêté là. « En 2021, nous avons répondu à un appel à projets de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) autour de la participation des personnes à la gouvernance des services qui les accompagnent », s’est remémoré François Parmentier. C’est comme ça qu’une « expérience apprenante » a permis de « mettre sur le même plan de formation des professionnels et des personnes accompagnées ». La structure a, petit à petit, créé des comités de pilotage permettant aux personnes accompagnées de faire des choix mais aussi d’amener des propositions pour faire évoluer les pratiques, a indiqué l’ancien directeur. Une démarche qui fait écho aux travaux de la HAS qui estime que « l’accompagnement au développement de l’autodétermination et du pouvoir d’agir dans les ESSMS est lié aux questions d’inclusion et de citoyenneté des personnes. Cela suppose un changement de paradigme dans la relation d’accompagnement dès lors que cette question est portée et réfléchie collectivement. Toutefois, ce paradigme ne signifie pas que la personne est livrée à elle-même et qu’elle n’est plus accompagnée. Bien au contraire, soutenir le pouvoir d’agir et l’autodétermination des personnes implique de réfléchir aux leviers d’action à mobiliser sur l’environnement afin qu’elles soient actrices de leur vie et qu’elles développent leur participation si elles le souhaitent. »
De l’horaire des repas jusqu’au choix de l’habitat
L’autodétermination permet à chaque individu de construire sa vie et de prendre ses propres décisions en fonction de ses valeurs, ses préférences et ses choix, sans emprise et sans interférence externe. Elle concerne tous les domaines de la vie (choix de l’horaire de repas, participation à une sortie, choix d’un habitat, etc.) et est un marqueur pour chacun de l’expression de sa citoyenneté. Toutefois, l’autodétermination n’est pas innée : elle s’acquiert par un apprentissage, qui peut se réaliser à tout moment mais qui peut être limité et empêché par l’environnement et certaines vulnérabilités (handicap inné ou acquis, situation sociale précaire, maladie neuroévolutive, perte d’autonomie, etc.).
Source : HAS
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