La Journée Mondiale contre l’ostéoporose est placée sous le signe du dépistage et de l’ostéodensitométrie avec une meilleure prise de conscience des facteurs de risque.
« Nous appelons les femmes, mais aussi les hommes à aller dans les cabinets de rhumatologie et de radiologie pour évaluer leur risque d’ostéoporose et les inciter à bénéficier d’un examen de référence », a indiqué le Pr Christian Marcelli (Caen) en préambule à la journée mondiale. Néanmoins, l’ostéodensitométrie (ODM) n’est pas réalisée lors de ce jour de sensibilisation car il doit être prescrit lors d’une consultation médicale. « On a des moyens cliniques simples d’identifier les sujets à risques mais on respecte le circuit traditionnel pour y inclure le médecin traitant » a souligné le spécialiste. Lors de la Journée mondiale contre l’ostéoporose, 74 centres répartis sur la France entière ont assuré l’accueil des participants. Il leur a été remis des documents d’information et un questionnaire à remplir pour savoir s’ils peuvent bénéficier d’une ODM remboursée ou non. Le cas échéant, une lettre au médecin traitant sera remise. En 2007, l’IOF (International Osteoporosis Foundation) a développé un questionnaire simple et rapide qui estime l’exposition au risque d’ostéoporose. En quelques questions, un patient peut connaître ses facteurs de risque, notamment ceux sur lesquels il peut agir. Il peut alors nouer le dialogue avec son médecin traitant sur des bases validées par une instance scientifique internationale.
Lutter contre la fatalité de la fracture
Le Dr Eric Lespessailles (Orléans) a expliqué : « Nous voulons lutter contre ce sentiment de fatalité de la fracture. Lors des EPU (enseignement post-universitaire), nous entendons trop souvent nos collègues dire que c’est trop tard quand il y a eu une fracture !. Pourtant, la mesure de la densité osseuse reste au cœur de la manière dont nous devons raisonner ». Le Pr Marcelli a reconnu que le score Frax estimant le risque de fracture à 10 ans n’était pas très facile à interpréter et qu’il permettait certes un bon calcul de risque chez les femmes âgées de 60 à 70 ans mais qu’il était moins fiable chez les femmes d’une cinquantaine d’années. « En EPU, je m’en sers dans une situation clinique et je fais varier les facteurs de risques et notamment le tabagisme pour bien expliquer le risque fracturaire », ajoute le Pr Marcelli. L’irradiation de l’examen est faible, beaucoup moins importante que celle délivrée par une radiographie pulmonaire. On peut préciser à la patiente qu’il n’y a ni injection ni prélèvement à faire, l’examen est indolore. Il y a lieu d’être optimiste.
La DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques) en avril 2010 a pointé une évolution favorable des fractures de hanche en dix ans alors que la démographie montre une augmentation du nombre de personnes susceptibles d’être concernées. L’incidence standardisée sur l’âge montre un recul de 13 % des fractures de hanche. Deux explications sont avancées. D’une part, l’effet des campagnes de prévention des chutes avec une forte mobilisation des gériatres. D’autre part, une amélioration de la prise en charge de l’ostéoporose.
Le cadre du remboursement
Depuis 2006, les autorités de tutelle ont décidé du remboursement de l’ostéodensitométrie (ODM) non seulement en prévention secondaire après une première fracture mais aussi en prévention primaire dans le cadre de profils « à risques ». « Schématiquement, on partira du principe fondamental selon lequel une ostéodensitométrie est indiquée dès lors que les résultats de cet examen seront a priori susceptibles de modifier la prise en charge du patient » indique le GRIO. En prévention secondaire, il s’agit d’antécédent personnel de fracture de fragilité notamment la découverte radiologique d’une fracture vertébrale. Il faut aussi rappeler que la survenue d’une fracture de hanche multiplie par deux le risque de récidive d’une nouvelle fracture. L’ostéoporose est définie comme un T-score inférieur à -2,5, entre -2,5 et -1, on parle d’ostéopénie.
En prévention primaire, l’ostéodensitométrie est à envisager dans toute pathologie génératrice d’ostéopénie comme certaines affections endocriniennes, les traitements ostéopéniant tels que les corticoïdes et les médicaments entraînant une œstrogéno- ou androgénoprivation. Chez la femme ménopausée, l’ODM est indiquée en présence d’un antécédent familial au premier degré de fracture du col fémoral, un indice de masse corporelle de moins de 19 kg/m2, la ménopause précoce (avant 40 ans) et un antécédent de traitement corticoïde prolongé. Les cas particuliers sont le deuxième examen à l’arrêt du traitement anti-ostéoporotique et l’examen de surveillance d’une ostéoporose non traitée.