L’HISTOIRE DU JOUR

Pénurie capitale

Publié le 26/01/2011

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Depuis le début de l’année, dans l’Oklahoma, deux condamnés à mort ont été exécutés à l’aide de pentobarbital, un anesthésiant vétérinaire. Le thiopental, utilisé jusqu’alors dans les exécutions par injection, pour endormir avant que ne soient diffusés le pancuronium et le chlorure de potassium, n’est plus fabriqué sur le territoire américain. Le seul laboratoire qui le faisait, Hospira, a choisi de le produire dans son usine en Italie et ne veut pas de problème avec les autorités italiennes. D’où la pénurie qui menace, d’autant plus que les pays européens sont de plus en plus réticents à en exporter outre-Atlantique, malgré le large usage médical de la substance. Le Royaume-Uni soumet ainsi depuis novembre l’exportation du thiopental à autorisation du gouvernement et étudie la demande d’une organisation de défense des droits de l’homme de faire de même pour les deux autres produits utilisés. Le ministère allemand de la Santé a demandé il y a quelques jours aux laboratoires de son pays de refuser les commandes américaines. Et le laboratoire danois Lundbeck va attirer l’attention des autorités américaines sur le fait qu’il n’accepte pas que son pentobarbital soit employé dans les exécutions ; cela à défaut de pouvoir retirer le produit « sans pénaliser les patients qui en ont besoin ».

Ces complications vont peut-être faire encore reculer la peine de mort aux États-Unis. L’an dernier, 45 hommes et une femme y ont été exécutés, soit 12 % de moins qu’en 2009 et moitié moins qu’il y a dix ans. Un recul qui s’explique moins par une opposition de principe ou par la crainte, relativement souvent fondée, d’exécuter des innocents, que par le coût très élevé de la peine capitale, au moment où les budgets des États vont mal.

RENÉE CARTON