Le centre sportif de Saint-Mandé (Val-de-Marne) et sa piscine n'accueillent plus de groupes scolaires ou de baigneurs depuis le début du confinement. Mais il a vite retrouvé une tout autre utilité : ce sont désormais des soignants qui occupent le terrain de basket municipal pour prendre en charge des malades du Covid-19.
À l'initiative du Dr Alain Assouline, médecin généraliste et adjoint au maire LR de cette ville limitrophe du sud-est parisien, un centre médical dédié est ouvert depuis le 30 mars. Il fonctionne avec des praticiens de plusieurs spécialités (généralistes, dermatologues, cardiologues, neurologues, rhumatologues, etc.), des infirmières, des masseurs-kinésithérapeutes et des dentistes, tous libéraux. Tous les jours de 8 heures à 20 heures, les patients de Saint-Mandé et des communes limitrophes (Vincennes, Fontenay-sous-Bois, Charenton-le-Pont notamment) peuvent s'y rendre, sur ordonnance de leur médecin traitant, envoi par le 15 ou après avoir pris rendez-vous via Doctolib ou par téléphone, afin de soulager la cellule Covid-19 de l'hôpital d'instruction des armées Bégin, qui soutient l'initiative.
Parcours strict
« Bien sûr, si des patients arrivent, qu'ils n'ont pas l'air bien mais n'ont pas d'ordonnance ou de rendez-vous, on ne va pas les refuser », souligne le Dr Assouline, médecin de famille de 61 ans, tout en décrivant le parcours strict emprunté par le malade une fois qu'il entre dans le centre. Après s'être désinfecté les mains et avoir mis un masque, il doit se présenter à l'accueil avant de pouvoir se diriger vers le terrain de sport, escorté par la Sécurité civile, où sont installées de grandes tentes blanches. Gants, charlottes, surblouses, surpantalons et lunettes de protection sont de rigueur pour les soignants. Une infirmière effectue le recueil de données, puis un médecin poursuit l'examen clinique, rédige l'ordonnance et si besoin l'arrêt maladie. Après chaque passage, chaises, tables et stéthoscopes sont désinfectés à la lingette.
Pour les personnels soignants et les patients présentant des comorbidités, une tente permet de réaliser des tests de dépistage (PCR), analysés par les laboratoires de biologie médicale proches. Pour les radios thoraciques, un scanner de la clinique Paris-Bercy de Charenton-le-Pont est disponible à des plages horaires dédiées. Les patients les plus graves sont envoyés à l'hôpital Bégin, non loin d'ici. « Je n'ai pas été testé, mais je trouve ça bien de pouvoir venir ici pour lever certains doutes », souligne Pierre, 16 ans, en attendant à la sortie du centre son frère, sa sœur et sa mère, suspectée d'être positive. « Je pense que cela va la rassurer », diagnostique-t-il.
Gâteaux maison et petits mots
Porté par une soixantaine d'infirmiers et une trentaine de praticiens, volontaires ou vacataires rémunérés par l'agence régionale de santé (420 euros les trois heures pour les médecins), le centre de Saint-Mandé reçoit en moyenne 40 patients par jour. « Nous augmenterons peut-être notre capacité d'accueil dans les semaines à venir mais il faudra voir si c'est faisable en termes de respect des mesures d'hygiène, nous sommes très rigoureux là-dessus. Et puis nous sommes limités par le matériel », regrette le Dr Alain Assouline.
Comme nombre de confrères ailleurs en France, les libéraux de Saint-Mandé se sont heurtés aux autorisations administratives. « L'ARS nous a fourni 200 masques au début mais nous avons dû hausser le ton pour avoir le droit de faire des tests. Il faut faire confiance à la médecine libérale ! », pointe le généraliste. Pour le reste, système D et solidarité priment. La mairie a fourni locaux, tentes et chaises ; le MEDEF et plusieurs cabinets de dentistes des équipements de protection. Des gâteaux faits maison et des mots de remerciements témoignent de petites attentions des voisins confinés. « Heureusement, dans ce genre de moment, il y a une vraie générosité de la part des patients », conclut le Dr Assouline.
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