Trop, c'est trop. Las de journées déjà trop longues, les médecins généralistes de la Charente ne sont plus volontaires pour les gardes de 20 heures à minuit.
Ils ont voté cette mesure lors d'une réunion de l'Association des médecins effecteurs de permanence des soins de la Charente (AMEPS), réunissant les coordinateurs des 15 secteurs du département. « Nous ne sommes plus d'accord pour faire les gardes le soir, confie le Dr Alain Thiburce, généraliste à Cognac et président CSMF de l'AMEPS. Nous sommes une population médicale vieillissante, nous avons une importante activité dans la journée et nous sommes fatigués. »
Selon l'Ordre des médecins, le département comptait 288 généralistes en activité régulière en 2015, âgés en moyenne de 54 ans.
Depuis trois ans, la permanence des soins en nuit profonde (minuit-8 heures) a été supprimée mais elle avait été maintenue sur la tranche 20 heures-minuit. L'utilité de ce créneau est désormais sérieusement remise en question. « Nous réalisons moins de 3 actes par nuit en Charente selon les statistiques du SAMU-Centre 15, explique le Dr Thiburce. Soit nous faisons du conseil téléphonique, soit le patient se déplace, soit c'est urgent et le SAMU se déplace. Nous avons le sentiment de ne plus être utiles. »
Des médecins prêts au bras de fer
Les médecins généralistes charentais souhaitent que les pouvoirs publics prennent conscience que les gardes le soir sont devenues accessoires et trouvent une solution concertée. « Cette décision n'a pas été prise que par des vieux médecins, elle est partagée par les jeunes médecins du département, assure le Dr Thiburce. Nous ne voulons plus de la pénibilité de la garde. »
L'Ordre a certes proposé de mettre en place trois à quatre grands effecteurs pour le département. Ils auraient couvert un plus grand territoire mais auraient été mieux rémunérés (de 187 à 250 euros pour la tranche 20 heures-minuit au lieu de 50 euros actuellement). « Ils n'ont pas trouvé de volontaires, ce qui prouve bien qu'il ne s'agit pas d'une question d'argent », explique le président de l'AMEPS.
Les généralistes sont prêts au bras de fer avec l'agence régionale de santé d'Aquitaine Limousin Poitou-Charentes. « Nous avons proposé un deal, ajoute Alain Thiburce. Nous souhaitons que l'hôpital prenne en charge les actes le soir en semaine. En contrepartie, les généralistes assureraient la permanence des soins le week-end, notamment le samedi matin avec un médecin par secteur. »
Réquisitions ?
Mais selon le président de l'AMEPS, l'ARS ne voit pas d'un bon œil ce désengagement des médecins libéraux, et justifie le maintien des gardes par l'obligation d'assurer des actes médico-légaux. Les généralistes pourraient donc être réquisitionnés.
« La garde est la bête noire de tout le monde. Les jeunes préfèrent s'installer où il n'y en a plus, conclut le Dr Alain Thiburce. L'enjeu, aujourd'hui, n'est pas de maintenir une présence médicale de 20 h à minuit mais de permettre à tout le monde de trouver un médecin dans la journée. De nombreux confrères partent à la retraite sans avoir de successeur et leurs patients peinent à trouver un médecin traitant. »
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