LE QUOTIDIEN : Les maisons médicales de garde (MMG) fêtent leurs 22 ans d'existence. Quel est le bilan ?
DR SIMON FILIPPI : Les trois premières maisons médicales de garde ont été créées en 2001 ! Aujourd'hui, on compte près de 400 structures libérales labellisées par les ARS qui financent leur fonctionnement, à hauteur de 120 000 euros maximum par an et par MMG. Le maillage est loin d'être parfait mais ces structures fixes se révèlent être un maillon essentiel dans la prise en charge des patients après la fermeture des cabinets médicaux. Au fil du temps, depuis la fin des gardes obligatoires en 2002, elles se sont localement adaptées en fonction de l'offre de soins et des dispositifs existants comme SOS médecins. Par ailleurs, la majorité d'entre elles, poussées souvent par les ARS, se sont rapprochées géographiquement des hôpitaux, permettant de désengorger les services d'urgences. Dans ce cadre, l'articulation entre l'établissement de santé et la maison médicale de garde reste encore perfectible. Cela passe notamment par des protocoles d'adressage des patients pour savoir qui fait quoi.
Face à une offre médicale qui se raréfie, les MMG parviennent-elles à remplir leurs tableaux de garde ?
Les évolutions sociologiques se sont imposées avec la féminisation de la profession, la volonté des jeunes médecins de privilégier leur qualité de vie et donc le refus de faire des gardes. Du coup, certaines MMG se heurtent aujourd'hui à des difficultés de ressources humaines. Pour combler les trous dans les tableaux de garde, elles ont souvent recours aux mêmes médecins volontaires mais cela ne pourra plus durer.
Pour y remédier, il existe des solutions. J'ai entendu qu'Emmanuel Macron souhaitait mieux rémunérer les médecins qui participent à la PDS-A. C'est une annonce qui reste imprécise. Mais j'espère que les négociations conventionnelles n'oublieront pas les maisons médicales de garde qui participent tout particulièrement à améliorer l'accès aux soins. Les revalorisations devront d'abord concerner le budget de fonctionnement pour permettre aux structures confrontées à des problèmes croissants d'insécurité d'investir dans des gardiens ou de l'équipement de surveillance. Pour impliquer les jeunes confrères, il faudrait aussi des mesures financières très incitatives via une nomenclature spécifique ou l'augmentation significative des forfaits d'astreinte. À l’instar des médecins régulateurs, il serait aussi préférable de défiscaliser les actes de la PDS-A pour les effecteurs.
Seriez-vous favorable à ce que la mission de permanence des soins soit élargie aux infirmiers et aux sages-femmes pour partager cette charge dans les territoires ?
Ce n'est pas la bonne solution. Dans le cadre de la permanence des soins, il s'agit de patients que le médecin de garde ne connaît pas, avec des symptômes parfois difficiles à interpréter et un risque médico légal important. Le praticien doit être encore plus vigilant pour agir vite dans des situations cliniques complexes. Ce n'est pas avec une année ou deux ans de formation supplémentaire qu'un paramédical peut gérer ces cas. Cela me paraît dangereux pour les patients et coûteux pour le système de santé.
Article précédent
Des réquisitions qui crispent les libéraux
Article suivant
Gardes : l'hôpital public pris en étau
PDS-A : c'est vous qui le dites !
Des réquisitions qui crispent les libéraux
Dr Simon Filippi Président de la Fédération des maisons médicales de garde
Gardes : l'hôpital public pris en étau
Geneviève Darrieussecq aux spécialistes libéraux d’Avenir Spé : « Construisons l’avenir ensemble ! »
Agenda, téléconsultation, messagerie professionnelle : ce que coûtent les solutions numériques aux médecins de ville
Alerte sur la formation : l’objectif de 10 000 assistants médicaux en 2025 a-t-il du plomb dans l’aile ?
Les médecins saluent l’arrivée de leur consœur Geneviève Darrieussecq à la Santé… et poussent leurs agendas