Les médecins libéraux franciliens auraient à subir, chaque jour, deux rendez-vous non honorés en moyenne - avec « des pics pouvant aller jusqu'à cinq » - selon une enquête lancée le 8 juillet par l’URPS médecins Île-de-France. 1 950 praticiens libéraux - sur les 16 401 praticiens sollicités - ont d'ores et déjà répondu au questionnaire en ligne, un tiers exerçait à Paris.
Face à un phénomène en augmentation, l'URPS dévoile ce 22 juillet ses propositions pour faire face aux rendez-vous non honorés. Il y a trois semaines déjà, la mission flash préconisait de redonner du temps de soins aux soignants, en réfléchissant sur les « moyens de lutter résolument contre les rendez-vous non honorés par une responsabilisation du patient ».
Des nouveaux patients, issus des plateformes
69 % des confrères interrogés disent constater en moyenne un à deux rendez-vous non honorés par jour, 21,6 % trois à cinq « lapins » quotidiens. L'immense majorité des libéraux sondés estiment que ces rendez-vous non honorés leur font perdre entre 30 minutes et une heure par jour. Pour 79 % des répondants, ces faux bonds représentent « une problématique majeure dans leur organisation quotidienne ».
L'enquête francilienne précise que plus d'un médecin sur deux considère que cette tendance est « plutôt à la hausse » et se concentre « majoritairement sur des nouveaux patients ». Dans 69 % des cas, les poseurs de lapins avaient pris rendez-vous via une plateforme en ligne, un quart auprès du secrétariat.
27 millions de consultations par an
Sans surprise, l’URPS montre que ces rendez-vous non honorés privent les autres patients. À l'échelon de la France, un rendez-vous non honoré par jour et par médecin représenterait 27 millions de consultations annuelles. C’est l'équivalent du temps de travail d'environ 4 000 médecins, « si on le ramène à un rythme de trois consultations par heure et 50 heures de travail par semaine », détaille l'union régionale.
Au-delà de la perte d'accès aux soins pour les patients, les rendez-vous non honorés entraînent aussi une perte d'attractivité pour la médecine libérale, souligne l’URPS. Très concrètement, les rendez-vous non honorés correspondraient en moyenne à un ou deux jours de présence au travail non rémunérés par mois. Pour la plupart des répondants, les solutions d’information et de prévention sont « dépassées » et nombreux sont ceux qui appellent « avec regrets à des sanctions pour éviter ces comportements ».
Une liste rouge ?
Interrogés sur des solutions efficaces, les confrères évoquent notamment la mise en place d'une liste rouge des patients qui ne viennent pas à leur rendez-vous ou encore la majoration d'un dépassement exceptionnel au prochain rendez-vous. À l’heure où le temps médical est « précieux et recherché », l'URPS francilienne appelle à la mise en place de mesures concrètes pour « prévenir et contrôler ces conduites qui touchent aussi bien la médecine de ville que l'hôpital ».
Au regard de ces témoignages, l'union régionale demande donc que soit menée une campagne nationale d’information sur l’accès aux soins pour « sensibiliser les usagers au respect de leur rendez-vous ». Autre exigence : suggérer aux plateformes le développement de nouvelles fonctionnalités, plus strictes. L’URPS imagine alors trois mesures « préventives », dont la systématisation des SMS de rappel de rendez-vous 24 heures en amont et une « simplicité d’annulation ». L’impossibilité de prendre deux rendez-vous simultanés dans la même spécialité, sans avoir au préalable annulé sa première réservation, est aussi préconisée par l'union.
Prépaiement
L'URPS va plus loin et plaide carrément pour une option de prépaiement que les médecins pourraient « volontairement activer », notamment pour les prises de rendez-vous concernant les nouveaux patients n’ayant jamais consulté le praticien.
À noter que l'union de libéraux ne souhaite pas promouvoir d’actions visant au signalement ou à la sanction des usagers coutumiers de ces comportements. Mais si la tendance se poursuit, elle appelle à réfléchir à des dispositifs plus contraignants.
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