Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, lundi 11 avril, les adhérents et sympathisants de l'UFML sont appelés à faire grève. « C'est une grève sèche, les cabinets seront fermés », précise le Dr Jérôme Marty, président du syndicat.
Cette action symbolique trouve son origine dans « l'absence de la médecine libérale » des programmes des candidats à la présidentielle. Pourtant, « la situation est catastrophique » en ville, alerte le Dr Marty. Délais pour avoir un rendez-vous qui s'allongent, pénurie de personnels dans les cliniques, dégoût des jeunes pour le libéral… « Les déserts médicaux sont partout et pas que dans la ruralité. Ce sont aussi des déserts d'imagerie, de biologie etc. Tout cela aboutit à une perte de chance patente et régulière pour les patients, tempête le généraliste de Fronton (Haute-Garonne). On voit arriver des patients dans des états de plus en plus dégradés, je ne comprends pas que les politiques ne mettent pas la santé au centre de leurs programmes. »
Irréalistes
Le médiatique syndicaliste a bien fait le tour des programmes santé des cinq « principaux » candidats (en termes d'intentions de vote), mais rien ne lui convient. « Le programme de Macron, avec les CPTS, le service d'accès aux soins (SAS), marche bien in vitro, mais pas du tout in vivo », ironise-t-il. Le président de l'UFML n'apprécie pas plus le conventionnement sélectif dans le programme du président sortant.
Jean-Luc Mélenchon « multiplie les personnels soignants comme des petits pains » et « crève le privé » pour faire du « tout public ». Éric Zemmour et Marine Le Pen sont également « loin du compte », avec leurs propositions respectives d'embaucher 1 000 médecins salariés en territoire rural et de réduire le recours aux médecins diplômés hors de l'UE. Quant à Valérie Pécresse, sa promesse d'augmenter la consultation à 30 euros est jugée « insuffisante ». Et les 4 000 « docteurs juniors » et les 25 000 soignants en plus pour l'hôpital sont également estimés irréalistes par le Dr Jérôme Marty.
Assises du déconventionnement
Aucune de ces mesures ne donnera envie aux jeunes médecins « de rester en France », d'où l'appel à la grève du syndicat, qui veut s'en servir comme un moyen de pression entre les deux tours. « L'idée est de dire "nous pouvons appeler à voter et vous soutenir, mais il va falloir contractualiser" », explique son président. En fonction du résultat final de l'élection et du candidat élu, le syndicat envisage d'organiser des « Assises du déconventionnement » sur deux jours, à la rentrée 2022, puis d'en tirer un livre blanc.
Enfin, l'UFML se projette aussi sur les négociations qui vont s'ouvrir dans les prochains mois pour la convention médicale de 2023. Si le cadrage de celles-ci dépendra du prochain gouvernement, le syndicat s'est toutefois fixé deux « lignes rouges ». Il s'opposera en particulier à de nouveaux transferts actes médicaux donnés « autoritairement » à d'autres professions de santé ainsi qu'à d'éventuelles facilitations accordées aux plateformes commerciales de télémédecine ou de télécabines.
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