60 000 téléconsultations remboursées en un an, le DG de la CNAM salue (enfin) le « décollage »

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Publié le 12/09/2019

Crédit photo : S. Toubon

« Plus de 60 000 téléconsultations », tel est le bilan du nombre de téléconsultations facturées à l'Assurance-maladie en exactement un an, selon le bilan officiel de la CNAM publié ce jeudi. Depuis le 15 septembre 2018, les médecins peuvent proposer des consultations à distance par visioconférence, remboursées dans le droit commun comme des consultations présentielles, sous certaines conditions précisées dans l'avenant 6 de la convention. 

De fait, le nombre d'actes réalisés en téléconsultation monte en puissance mais progressivement. En janvier, on ne recensait que 2 000 téléconsultations, puis 8 000 actes en mai. Aujourd'hui, la CNAM évalue le nombre d'actes « à plus » de 60 000 sur l'ensemble du territoire, avec un rythme de « 3 300 actes par semaine » depuis la rentrée. 

Ces chiffres restent toutefois largement en deçà des objectifs du gouvernement qui espérait quelque 500 000 actes de télémédecine dès 2019, un million en 2020 et 1,3 million en 2021.

Les médecins libéraux bons élèves

Sur la période 2018/2019, ce sont les médecins libéraux qui ont le plus pratiqué la téléconsultation avec 85 % d'actes facturés (65 % par les généralistes et 35 % par les autres spécialistes). « La téléconsultation est facturée une fois sur sept par un psychiatre, une fois sur 12 par un gynécologue et 5 % par un pédiatre », précise la CNAM. Loin derrière, les centres de santé ont facturé 8 % des actes de consultation à distance.

Quel est le profil du praticien téléconsultant ? La caisse brosse le portrait de médecins plus jeunes que la moyenne : un téléconsultant sur deux à moins de 50 ans (alors que cette classe d'âge ne constitue que 37 % des effectifs de généralistes libéraux). À l’inverse, les plus de 60 ans ne sont à l'origine que de 15 % de ces consultations à distance. Selon le bilan de la CNAM, seuls 1 647 praticiens libéraux (ou structures) ont facturé des téléconsultations, ce qui relativise la dynamique.  

Côté patients, 30 000 Français ont bénéficié d'une téléconsultation. Deux consultations sur trois concernent la prise en charge d'une femme. Un tiers des patients a moins de 30 ans, 56 % moins de 50 ans et 12 % plus de 70 ans. Les patients en ALD recourent également à la téléconsultation (27 % des actes facturés). 

L'assurance-maladie souligne enfin la disparité territoriale dans l'usage de la téléconsultation. L'Ile-de-France concentre 44 % des actes, dont 15 % à Paris, 8 % dans le Val-de-Marne, 6 % dans les Yvelines et Hauts-de-Seine). L'Hérault enregistre13 % du nombre total de facturations. Juste derrière, on retrouve les régions Grand Est (4 069 actes), Hauts-de-France (2 749 actes), Auvergne-Rhône Alpes (2 036 actes) et Normandie (2 017 actes). En revanche, la Corse accuse un retard vis-à-vis des autres régions avec seulement 12 actes facturés. 

Nicolas Revel (CNAM) : « une nette accélération » 

« Après un démarrage un peu lent, j'ai le sentiment que la téléconsultation a décollé, salue ce jeudi Nicolas Revel, DG de la CNAM, joint par « le Quotidien ». Nous sommes à 60 000 téléconsultations, ce qui indique une nette accélération du recours à cette pratique. » Pour le patron de la caisse, « ce déploiement progressif est normal et il va s'accélérer. Il y a un temps d'appropriation de cette pratique par les médecins et par les patients. »

Mais l’avenant 6 sur la télémédecine signé avec les médecins libéraux est-il bien calibré pour assurer la dynamique ? « Un peu moins de 2 000 médecins qui pratiquent la téléconsultation au bout d'un an, ce n'est pas un échec !, plaide Nicolas Revel.  Ils étaient bien moins nombreux il y a 6 mois. Cet avenant ne pose pas de conditions techniques impossibles. En revanche, c'est vrai qu'il fixe plusieurs règles assumées comme le fait qu'une téléconsultation doive intervenir entre un patient et un médecin se connaissant – sauf quelques exceptions. Nous souhaitons que la téléconsultation puisse se développer dans des conditions qui préservent la qualité de la prise en charge. »

Pas de hausse de la TLC

Le DG de la CNAM envisage-t-il de revaloriser le tarif de base de la téléconsultation (TLC) pour embarquer davantage de médecins ? « Le tarif de la téléconsultation, c'est le tarif de la consultation ! Si je revalorise la téléconsultation, je revalorise la consultation, nous confie-t-il. Nous l’avons fait en 2017. Ce n’est pas aujourd’hui à l’ordre du jour. »

Retrouvez lundi dans « le Quotidien » notre dossier sur le bilan de la téléconsultation et l'entretien complet avec Nicolas Revel, directeur général de l'Assurance-maladie. 


Source : lequotidiendumedecin.fr