Retraités non remplacés, rendez-vous raréfiés, activité de médecine esthétique : les dermatologues alertent sur leurs faibles effectifs au cœur du mois d’août. Cette colère vient de la publication au Journal officiel le 31 juillet du nombre d'internes du secteur, fixé à 102 pour la rentrée universitaire 2025. Soit un de moins que l’an passé !
Pour rappel, l'Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) propose aux ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur le nombre et la répartition des effectifs de professionnels de santé à former. Au total, 8 919 postes d’internat sont disponibles pour 2025-2026. Un nombre en forte hausse de 945 places par rapport à l’année dernière.
Déception et incompréhension
Mais du côté des dermatos, « ce n'est clairement pas suffisant, on est hyper déçus, on voudrait 125 nouveaux internes par an », soupire Gaëlle Quéreux, l’une des dirigeantes de la Société française de dermatologie (SFD).
Mariam Deriouich, une des responsables de l’association des Futurs dermato-vénérologues de France (FDVF), s’inquiète quant à elle d’une véritable « pénurie de dermatologues », avec « seulement 3,26 pour 100 000 habitants » en France métropolitaine. Par comparaison, ce taux s'élève à 5,93 pour l'ophtalmologie, selon l'Ordre des médecins.
Seulement 2 900 dermatos
« Il y a quinze ans, on était environ 4 000, maintenant, on est 2 900 », assène encore Gaëlle Quéreux, également cheffe des services de dermatologie au CHU de Nantes. La relève « ne suffit pas à combler les départs en retraite », souligne-t-elle.
Un déficit « voué à s'aggraver dans les prochaines années avec le vieillissement de la profession », ajoute Mariam Deriouich, interne en dermatologie au CHU de Caen. Actuellement, près de la moitié des dermatos ont plus de 55 ans, selon l'Ordre des médecins. Et les délais pour les rendez-vous s'étirent, « autour de trois à six mois », selon Gaëlle Quéreux.
Des préjugés sur la profession
Mais Mariam Deriouich dénonce aussi une « croyance actuelle » : les dermatologues délaisseraient « la médecine au profit de l'esthétique ».
L'Assurance maladie a d'ailleurs préconisé dans son rapport Charges et produits de juin de « limiter les soins de confort, esthétique » devant les « difficultés d'accès aux soins » chez des « médecins généralistes ou dermatologues ».
Gaëlle Quéreux rétorque que si « 64 % des dermatologues font de l'esthétique », pour « la plupart d'entre eux c'est moins de 10 % de leur activité au quotidien ». « Ces préjugés nous desservent » appuie Mariam Deriouich.
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