Réduire la durée des études de médecine ? « C'est une question qui est à se poser. Quand on regarde la durée des études (de médecine) par rapport à d'autres pays européens, il y a peut-être quelques années à gagner ». Ces propos prononcés par le ministre de la Santé Yannick Neuder, mercredi 3 septembre, sur Europe 1, pourraient surprendre plus d’un carabin. Le gouvernement vient en effet d’entériner la quatrième année supplémentaire pour les internes de médecine générale (la 4A), avec plusieurs textes sur la rémunération des docteurs juniors et des maîtres de stage publiés au Journal Officiel.
Raccourcir… au début et allonger à la fin ?
Et pourtant… Interrogé par Pascal Praud sur les pistes susceptibles d’apporter des solutions rapides aux difficultés d’accès aux soins, Yannick Neuder a bel et bien envisagé cette idée. « Il faut peut-être raccourcir les formations (des médecins) », dit-il, évoquant plutôt le début du cursus.
Certes, la proposition de raboter les longues études de médecine n’est pas nouvelle. En 2016 déjà, le disruptif urologue, Guy Vallancien, prônait une réforme radicale des études de médecine, avec un cursus resserré, faisant appel, entre autres, aux objets connectés. « Faire croire qu’il faille dix à quatorze ans pour former un bon médecin ou un chirurgien habile est une erreur dispendieuse », affirmait-il alors au Quotidien.
En janvier 2025, c’est le Pr Didier Gosset, spécialiste de médecine légale et de médecine interne, qui relançait un pavé dans la mare de la formation. Le doyen honoraire de la faculté de médecine de Lille étrillait les réformes récentes et défendait un raccourcissement de deux ans des études (un an à l’entrée, un an à la sortie) permettant selon lui, « à horizon de 5 ans », de mettre à disposition 18 000 à 20 000 médecins supplémentaires.
Quelques semaines plus tard, c’est l’Académie nationale de médecine elle-même, dans un avis voté fin février, qui proposait une refonte en profondeur de la formation médicale initiale. Via, entre autres, une réduction de la durée de l'externat et de l’internat d’une, voire deux années, ainsi qu’une restructuration de la formation recentrée sur les besoins du terrain.
Après tout, pourquoi pas ? Reste que l’on peut s’interroger sur la cohérence d’un ministère qui vient de faire passer la durée des études de médecine générale de neuf à dix ans, en partie contre la volonté des premiers concernés. Pour, parallèlement, évoquer la pertinence de réduire la durée du cursus médical…
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