LE QUOTIDIEN : Vous avez assisté à l’intervention de Yannick Neuder, venu à l’occasion de l’anniversaire des 60 ans de l’Anemf la semaine dernière. Avez-vous été convaincue par les propos du ministre sur la rémunération des externes ou encore la fin du numerus apertus ?
MARION DA ROS POLI : Son discours a été plutôt général, mais sa présence pour les 60 ans de l’Anemf était clairement une preuve de considération, que nous saluons. Mais nous n’avons pas eu de réponses très concrètes à nos questions. Par exemple, quid de la revalorisation salariale des étudiants en médecine ? Nous demandons un alignement sur les rémunérations des étudiants dans le supérieur. Pour nous, qui pâtissons de l’entre-deux du statut d’hospitalier et d’étudiant, elle est de 2,76 euros brut de l’heure. C’est pratiquement deux fois inférieur à ce que touche un étudiant en alternance ou en stage dans les autres filières de l’enseignement supérieur.
Quels sont les autres dossiers en jachère ?
Le suivi de la réforme du deuxième cycle et de la réforme d’entrée dans les études de santé. Sur ce dernier point, le récent rapport de la Cour des comptes confirme que la réforme n’est pas efficiente. Nous sommes également attentifs à la mise en œuvre de la quatrième année de médecine générale, qui nous concerne moins directement, mais dont nous attendons toujours les textes réglementaires. Ces sujets restent encore en suspens.
Fin avril, vous avez battu le pavé pour protester contre la proposition de loi (PPL) Garot, qui vise à encadrer la liberté d’installation des médecins. Le texte a été adopté en première lecture à l’Assemblée. Quelle suite comptez-vous donner à votre mouvement ?
Nous restons mobilisés et force de propositions. On sait ce qu’on veut et les articles de ce texte de loi sont simplement démagogiques et électoralistes. On sait qu’ils fragiliseront le système de santé. Il est de notre devoir de futurs médecins, de personnes engagées, de se mobiliser. Nous serons toujours dans l’action, en collaboration avec les parlementaires qui nous accompagnent. La liberté d’installation, le refus de la coercition, est l’une des grandes causes de mon mandat, si ce n’est la plus importante. Qu’on souhaite être médecin hospitalier, libéral ou salarié, nous sommes tous concernés.
Mon mandat sera placé sous l’égide de ce principe : l’amélioration de la qualité de vie étudiante
Seuls 40 % des médecins diplômés s’installent en libéral. Avec quels leviers pensez-vous pouvoir renverser la tendance ?
Nous portons beaucoup de mesures incitatives parce que le statut libéral est un statut qui intéresse de moins en moins. On a énormément de tâches administratives, de temps perdu pour les patients, alors que quand on s’engage en médecine, c’est pour soigner. Beaucoup de médecins regrettent cette réalité. Plutôt que de contraindre, ce qui à mon sens va tuer l’attractivité de la filière, il faut inciter à s’engager. Comment ? Par le renforcement des contrats d’engagement de service public et le développement des collaborations avec les autres professionnels de santé.
Quels prochains rendez-vous donnez-vous aux étudiants ?
Celui, dès septembre, de notre enquête annuelle sur la précarité des étudiants, avec la Fédération des associations générales étudiantes (Fage). Mon mandat sera placé sous l’égide de ce principe : l’amélioration de la qualité de vie étudiante. Ce qui inclut la lutte contre les discriminations, contre les violences sexistes et sexuelles que ce soit à la fac, dans les événements festifs en médecine ou encore en milieu hospitalier et libéral. Dans tous les endroits qui peuvent toucher les étudiants, il faut agir pour leur bien-être. Nous sommes à un point de non-retour. Les étudiants se sentent mal, on le sait. Notre enquête de santé mentale est alarmante. On ne peut pas rester les bras croisés. Il faut une reconnaissance de la part de nos interlocuteurs.
Personne ne doit pouvoir décider à notre place, au vu des études qu’on mène et des sacrifices auxquels on consent
Comment verriez-vous l’exercice idéal ?
Je ne peux pas parler au nom des autres, mais je pense que ce serait de pouvoir choisir l’environnement dans lequel on veut évoluer. Salarié, libéral, hospitalier, public ou privé : médecine, c’est pour la vie, chacun doit être libre de choisir son type d’exercice. Personne ne doit pouvoir décider à notre place, au vu des études qu’on mène pendant 10 à 15 ans et des sacrifices auxquels on consent pour ce métier, certes l’un des plus beaux du monde mais pour lequel nous sommes au final assez peu reconnus.
Nouveau bureau de l’Anemf
Présidente : Marion Da Ros POLI ; secrétaire : Matthias Hue ; trésorier : Killian Le QUINTREC ; Vice-président général : Simon THOLLIEZ ; VP chargé des perspectives professionnelles : Edrian ROSSIGNOL ; VP chargée des études médicales : Marianne KERMAC ; VP chargée de l'enseignement supérieur : Anita GELFI ; VP chargée du suivi des élus : Nihed CHRIETTE ; VP chargée de la coordination du réseau : Pauline Lor ; VP chargé de la formation : Jean BROTONS ; VP chargé de l'évènementiel : Clément HÉRAUD ; VP chargée des partenariats : Laïla El BOUHALI ; VP National Exchange Officer : Solène DELIANCE ; Chargé de mission échanges nationaux : Thomas LEVIGOUREUX ; CM exchange assistant : Héloïse HEULIN ; VP chargée des affaires internationales : Iléo LLEDO ; CM IFMSA : Tesnim SOUIKI ; CM sport : Walid OUNES ; VP chargée des projets solidaires : Louise LOPEZ-BASEILHAC ; CM solidarité internationale : Keïlyne SZULMAN ; VP chargée de l'environnement : Célia JACQUOT ; VP chargé des tutorats d'entrée dans les études de santé : Téo MAUGUIL ; VP chargé des tutorats d'années supérieures : Lounès BENNANI ; VP chargée de la communication : Lucie GILLET ; CM communication et informatique : Séléna GUILLEMIN ; CM communication et ressources : Lara ZERHOUNI ; Conseil de surveillance : Alexis HURTEVENT et Anaïs SIMARD
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