Rapatriement des étudiants français en médecine partis à l’étranger ? Pas si vite, alertent doyens, Ordre et carabins

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Publié le 16/07/2025

L’Ordre, les doyens et les étudiants en médecine alertent sur les dangers d’une réintégration sans garde-fous des étudiants français partis faire médecine dans d’autres facs européennes. Et demandent à être reçus par le ministre de la Santé.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

La Conférence des doyennes et des doyens, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) et le Conseil de l’Ordre (Cnom) ont exprimé leur « désapprobation » commune, ce mercredi 16 juillet, quant au projet du ministre de la Santé, Yannick Neuder, d’autoriser la réintégration anticipée au sein des universités françaises des étudiants en médecine effectuant leur cursus dans des universités européennes. Une piste pour contribuer à résoudre la pénurie de médecins que le ministre de la Santé continue de pousser sans relâche depuis son arrivée à Ségur, il y a maintenant sept mois.

Et c’est bien ce qui fait réagir aujourd’hui les carabins, les doyens et l’institution ordinale. Selon eux, cette réintégration anticipée serait « injuste et inéquitable car les étudiants concernés étaient (avant leur départ à l’étranger, NDLR) soit en situation d’échec dans le processus d’accès aux études de médecine (PASS/LAS), soit voulaient se soustraire à ce parcours auquel sont soumis les autres étudiants ».

En outre, « cette modalité, dont on sait les coûts directs (frais d’inscription universitaires) et indirects (voyage, logement) très élevés, constitue un contournement que seuls les étudiants les plus fortunés peuvent se permettre », poursuivent-ils.

Enfin, « l’admission de ces étudiants qui “contournentles parcours classiques surchargerait brutalement nos universités et aurait indiscutablement une répercussion sur les places offertes aux étudiants ayant suivi leur cursus en France », analysent les trois instances.

La suppression du numerus apertus, « pas une baguette magique »

Et d’enfoncer le clou : selon eux, la suppression du numerus apertus n’est pas une « baguette magique » pour augmenter mécaniquement les capacités d’accueil et d’encadrement en France des étudiants déjà en saturation, sachant que près de 12 000 jeunes accéderont à l’internat en 2026. Dès lors, chaque place offerte à un étudiant dans le cadre d’un retour précoce se fera aux dépens d’une place offerte dans le cursus normal, concluent à l’unisson les mécontents. Qui en appellent directement au ministre.

« J’espère que cette intervention commune permettra une ouverture sur de nouvelles discussions », veut croire la Pr Isabelle Laffont, présidente de la Conférence des doyennes et des doyens, à l’instar de Marion Da Ros Poli, la nouvelle présidente de l’Anemf, contactées par Le Quotidien. Pour elles comme pour l’Ordre, les solutions urgentes pour améliorer l’accès aux soins sont ailleurs : assistants territoriaux, infirmiers en pratique avancée (IPA) dans le cadre d’un exercice coordonné par un médecin, stratégies raisonnées selon les spécialités à partir de besoins régionaux, intensification de la territorialisation des stages de deuxième et troisième cycles. Tous sont prêts à en discuter avenue de Ségur d’ici à la rentrée.


Source : lequotidiendumedecin.fr